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Deux auteurs aux univers fictifs similaires

Les jeunes auteurs d’expression française, Amar Ingrachen et Tarik Aït Menguellet, ont animé, conjointement, samedi dernier, une conférence-débat à Tizi-Ouzou. Amar Ingrachen a présenté son roman ‘’Le temps des grandes rumeurs’’, sorti dernièrement aux Editions Frantz Fanon. Tarik Aït Menguellet a présenté son premier roman ‘’Le petit prodige’’, publié chez la même maison d’édition. Les deux auteurs ont des styles d’écritures bien distincts, mais ils appartiennent à deux univers romanesques semblables. Ce sont deux auteurs révoltés et iconoclastes, en quête de soi dans leur écriture. La rencontre a été modérée par M. Boukhalfa Laouari, enseignant-chercheur en littérature à la faculté des Lettres et des Langues de l’université Mouloud Mammeri. «Il ne faut pas attendre qu’un roman révèle des vérités», dira M. Laouari, insinuant que la vérité recherchée dans le livre romanesque n’est autre que celle qu’atteint le lecteur. Amar Ingrachen expliquera qu’il n’adhère pas au principe répandu dans le monde littéraire, à savoir la mobilisation d’un unique personnage principal autour duquel gravitent d’autres personnages qualifiés communément de secondaires. Il dit avoir plutôt recouru non seulement à une pléiade de personnages principaux, mais aussi à deux narrateurs. Il mobilise, d’une part, un narrateur classique, Rachid, hanté autant par l’horreur de la guerre de Libération nationale que par la terreur de la période «noire» des années 1990 durant laquelle son père a disparu. Il tente de résister tantôt en écoutant la musique, tantôt en écrivant. Il se réfugie également dans la religion. Kacem Fercha est le deuxième narrateur dans Le temps des grandes rumeurs. Il intervient seulement cinq ou six fois dans le roman. Il a subi presque le même sort que Rachid. Mahdi est l’un des autres personnages, un intellectuel engagé. Sa fin est tragique. Maras est un personnage fantôme, dont tout le monde parle mais que seules quelques personnes ont vu. Adel Klifeld est un pied-noir dont les parents ont été tués en Algérie, par Mouloud, un autre personnage qu’Amar Ingrachen mobilise dans son roman. Il est en effet paradoxal d’aimer un pays où ont été sacrifiés ses parents. Et pourtant, Adel aime l’Algérie. Le roman de Tarik Aït Menguelet parle lui de l’univers d’un enfant doué de parole dès sa naissance. L’auteur met en scène des paradoxes pour interpeller les intelligences. Au cours des débats, Amar Ingrachen soutiendra qu’écrire est un acte d’affirmation, c’est une manière de prendre ses responsabilités. Il dira qu’un auteur ne doit pas s’attendre à être compris comme il le voudrait, car son texte lui échappe une fois publié.

Djemaa Timzouert

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