Les locaux à usage professionnel et artisanal, réalisés dans le cadre du programme dit «100 locaux par commune», sont livrés à l’abandon. Implantés à l’entrée du marché hebdomadaire d’Ighzer Amokrane, à proximité de la RN26, ces biens publics ne sont quasiment pas exploités. Hormis quelques rares locaux abritant des activités, tous les autres gardent portes closes. Et comme la nature a horreur du vide, le site fait, présentement office de vespasienne et de… latrines. De visu, il a été constaté que les locaux servent, aussi, de planque pour divers énergumènes. Après avoir pris possession des clefs de leurs locaux, les bénéficiaires ont presqu’aussitôt, pris la clef des…champs. «On m’a attribué un local au premier étage, alors que je n’ai cessé de réclamer, à cor et à cri, qu’on m’en réserve un au rez-de-chaussée. Je l’ai accepté la mort dans l’âme, étant persuadé que je me mettais dans un couloir d’échec, une sorte de voie de garage», soutient un jeune bénéficiaire dans le cadre du dispositif ANSEJ. Un autre diplômé d’Ighzer Amokrane, attributaire d’un local au RDC, soulève le problème d’insécurité, comme étant un facteur dissuasif. «Mon local donne sur le terrain vague, appelé pompeusement marché hebdomadaire. Le lieu est notoirement connu pour être un repère pour les débauchés de tout acabit, et où il est risqué de se hasarder, surtout à la nuit tombée. D’ailleurs, tous les locaux situés sur cette façade n’ont jamais ouvert», déclare-t-il. Et d’ajouter : «je préfère m’occuper d’autre chose, en attendant peut-être d’y voir plus clair». Bien des attributaires, apprend-on, se sont insérés dans d’autres créneaux, oubliant presque qu’ils sont possesseurs de locaux. «Je connais pas mal de jeunes qui, après s’être emparé d’un local, se sont fait embaucher qui, dans le secteur économique, qui dans la fonction publique», relève un citadin. Conçus pour résorber le chômage chez les jeunes, par le biais des différents dispositifs d’insertion, la construction de ces locaux est loin d’avoir atteint ses objectifs. Noble, ce programme l’est assurément dans son dessein. Dans les faits, en revanche, il prend les allures d’un gâchis monumental.
N Maouche
