M. Essaid Yacoubi, ex- secrétaire du CSA/ Chabab Riadhi de Aïn Zaouia (CRAZ) et les anciens joueurs de cette équipe ont pris le taureau par les cornes en ressuscitant le club de Aïn Zaouia sous le sigle ACAZ dès la saison 2014/ 2015, en engageant les petites catégories, puis en créant l'année d'après la catégorie seniors. Dans cet entretien, il revient sur les difficultés rencontrées mais aussi sur les ambitions et l'engagement de tout le staff, des autorités locales et de la population.
La Dépêche de Kabylie: Après tant d’années d’absence, qu’est-ce qui vous a motivés à revenir sur le terrain ?
Essaid Yacoubi : Tout d’abord, je tiens à rendre un vibrant hommage au regretté M. Rabah Aissat, ex-président de notre APC, puis ex-président de l’APW qui nous avait beaucoup aidés quand il était maire. Il était à nos côtés même si les conditions n’étaient pas les mêmes qu’aujourd’hui. Malheureusement, après sa disparition tragique, nous étions obligés de mettre la clé sous le paillasson pour différentes raisons en 2002. Maintenant, notre retour sur le terrain a été motivé tout d’abord par les anciens joueurs qui ne voulaient pas laisser des centaines de jeunes dans la rue. Puis, il y a aussi la volonté des autorités locales, à leur tête M. Merzouk, Haddadi, qui se sont donné à fond pour mener à terme le stade laissé à l’abandon durant des années. N’oublions pas aussi qu’Ain Zaouia est une pépinière en matière de joueurs car elle a enfanté de grands joueurs qui ont fait les beaux jours des équipes voisines et même de la JSK.
Justement, que pouvez-vous dire de ce terrain homologué pour les petites catégories?
C’est un handicap. Nos jeunes sont en danger quand vous voyez ce tuf dur comme du béton. D’ailleurs, même nos seniors qui s’y entraînent ne sont pas logés à la bonne enseigne d’autant plus qu’ils jouent tous leurs matches sur du tartan où ils rencontrent de grandes difficultés. Dans le sud de la wilaya, pratiquement, nous sommes la seule commune à n’avoir pas de stade en gazon synthétique. Aux dernières nouvelles, nous avons appris que sa programmation ne va pas tarder. C’est notre grand souhait.
L’ACAZ occupe la deuxième place. Est-ce le fruit du hasard ?
C’est notre deuxième année dans ce groupe. Si nous sommes à la deuxième place, c’est grâce au dévouement du staff technique, des dirigeants et bien sûr des joueurs. Je vous apprendrai qu’au sein de notre club, tout le staff dirigeant et technique est bénévole. Personne ne prend un centime. Notre objectif n’est pas d’accéder mais de former des jeunes. Actuellement, nous encadrons une centaine de jeunes toutes catégories confondues et dès la semaine prochaine, nous créerons notre école de football.
Revenons au nerf de la guerre. D’où vous provient l’argent ?
Depuis le début de saison, nous n’avons reçu aucune subvention. Comme vous savez, l’APC nous a voté une enveloppe de 200 millions de centimes mais cette dernière est bloquée par le contrôleur financier de Draâ El-Mizan à l’instar de toutes les subventions des CSA du sud de la wilaya. C’est pourquoi nous nous battons pour régler ce grand problème unique pour notre région. Sinon, on survit grâce aux dons des bienfaiteurs et de tous les citoyens de notre commune. Nous remercions aussi nos fournisseurs qui nous accordent des crédits. Vraiment, ils contribuent à leur manière à développer le sport dans notre localité.
Donc, on peut dire que l’accession ne vous intéresse pas ?
Non, ce n’est pas cela que je veux dire. Dès la saison prochaine, nous allons revoir nos objectifs. Accéder vers le palier supérieur est le souhait de tous, mais avec quels moyens? Si c’est pour jouer une saison et rétrograder, ce n’est pas intéressant. En tout cas, ce n’est pas facile de gérer un CSA sans aucun sou.
Qu’est-ce que vous avez de particulier par rapport aux autres clubs ?
Tout d’abord, pratiquement, tout notre effectif est de la commune à l’exception de trois jeunes de Frikat mais qui travaillent dans notre municipalité. Ce qui est important dans cette enceinte où vous êtes sont les vestiaires et les bureaux (bureau du CSA et celui des arbitres). Tous les référées qui officient à Ain Zaouia ne rentrent pas chez eux sans nous laisser un mot encourageant et des remerciements au sujet des conditions dans lesquelles ils sont accueillis.
Un dernier mot…
Je n’oublierai pas de vous dire que nous œuvrons pour doter notre CSA d’un cercle sportif où il y aura une cafétéria, un lieu de restauration et un foyer. Ensuite, je lancerai par le biais de votre journal un remerciement à la DJS pour cette subvention de 50 millions de centimes octroyée aux CSA de la wilaya (division pré-honneur). Enfin, nous appelons le contrôleur financier de Draâ El-Mizan à être souple parce que ces subventions sont investies dans la formation des jeunes et ce n’est pas de l’argent dilapidé quand on sait que plus de 1300 athlètes sont pris en charge uniquement quand je parle du sud de la wilaya.
Entretien réalisé par
Amar Ouramdane