«Je suis très ému…»

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À l’occasion de la célébration du 55e anniversaire de la fête de la Victoire, l’association culturelle Amgud de Draâ El-Mizan a invité l’écrivain Rachid Boudjedra pour une conférence sous le thème «Le rôle des intellectuels algériens avant et après l’indépendance».

La rencontre a été abritée par la maison de jeunes Arezki Mansouri, dans la matinée du samedi dernier. Ainsi, prenant en premier la parole, le président de ladite association culturelle, en l’occurrence M. Karim Larbi, a tenu à remercier et à souhaiter la bienvenue à son hôte ainsi qu’à tous les présents qui ont répondu à l’invitation, non sans avoir rappelé les difficultés rencontrées pour obtenir l’autorisation nécessaire auprès des autorités locales. Lui succédant, l’écrivain Rachid Boudjedra a également remercié l’association Amgud pour cette invitation, comme il a exprimé toute sa joie de se retrouver à Draâ El-Mizan. «Je suis vraiment très ému de me retrouver à Draâ El-Mizan, la région des héros. Une région qui a donné énormément pour la révolution alors qu’elle a été, pour moi, durant la guerre, un véritable mythe tant ses nombreux sacrifices ne pouvaient laisser indifférents tout être-humain. Donc, c’est une véritable joie pour moi que de me retrouver au milieu de ses enfants», soulignera-t-il. Concernant le thème choisi par l’association, à savoir celui du rôle des intellectuels algériens avant et après l’indépendance, M. Karim Larbi, ayant sans doute eu à consulter certains participants avant le début de la rencontre, a proposé à l’assistance et au conférencier de passer directement aux questions auxquelles l’écrivain apportera des réponses. C’est ainsi que de nombreuses questions intéressantes, liées directement au thème, ont été posées au conférencier. «Le colonialisme a commis de véritables génocides en assassinant des millions de personnes n’en seulement en Algérie mais à travers toute l’Afrique et il n’a qu’à se souvenir des massacres du 8 mai 1945 à Sétif, Guelma, Kherrata mais qui avaient eu également le même jour à Madagascar et qui avaient été réprimés par le même bain de sang. Donc, on n’oubliera pas», martèlera le conférencier qui regrettera, à une réponse d’un participant, qu’il n’existe malheureusement pas une intelligentsia algérienne. «Tant qu’il n’y aura pas un état national, il n’y aura point d’intelligentsia algérienne et il n’y a qu’à constater l’absence de relève pour les anciens intellectuels disparus, à l’exemple de Dib, Féraoun, Mammeri, Djebbar et autres, alors que le constat le plus dramatique se retrouve dans la peinture. Issiakhem, Kada ou autres sont-ils remplacés ? Non ! Et à qui la faute ?», demandera à l’assistance le conférencier et la réponse fusera de la salle : «L’école !» Néanmoins, à ce sujet, M. Rachid Boudjedra n’hésitera pas à apporter son soutien à Mme Benghebrit, la ministre de l’Éducation. «Madame la ministre a bien insisté pour que tous les écrivains algériens aient leur place dans les programmes scolaires. Ceux qui sont dans la commission ont fait le contraire en ignorant tous les grands écrivains algériens. C’est pour cela que nos illustres écrivains sont inconnus», dira le conférencier avec beaucoup de regrets. À la fin de cette rencontre, les responsables de l’association culturelle Amgud ont offert un bouquet de fleurs et un cadeau symbolique à l’écrivain Rachid Boudjedra avant de céder place à la vente-dédicace très attendue par les présents.

Essaid Mouas

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