Aïn Laloui est une petite commune traversée par la RN18 et qui relève de la daïra d’Aïn-Bessem, située à quelque 15 km à l’Ouest de Bouira. À vocation agricole par excellence, les responsables locaux tentent de développer ce secteur, notamment en créant des conditions nécessaires pour le développement de l’investissement agricole. Le maire M. Djeralfia Amar, d’obédience FLN, revient dans cet entretien sur les principaux chantiers lancés dans sa commune.
La Dépêche de Kabylie : Pouvez-vous nous donner un aperçu global sur la commune d’Aïn-Laloui ?
M. Djeralfia Amar : Aïn-Laloui est une petite commune mixte qui date de 1954, qui s’appelait Bertville et qui a été créée durant l’ère coloniale. Les colons qui exploitaient les terrains agricoles habitaient au chef-lieu, et les algériens étaient regroupés dans un camp de concentration. Ils étaient, pour leur majorité, déportés des villages voisins. Après l’indépendance, on a été ralliés à la commune et daïra d’Aïn-Bessem. La commune a été officiellement créée en 1984, suite à un nouveau découpage administratif. Elle a été nommée Aïn-Laloui en hommage à un valeureux martyr de la région, qui s’appelait Laloui. La commune s’est agrandie, peu à peu, notamment avec la création du village socialiste agricole (VSA) au chef-lieu communal et d’autres projets de logements, notamment pour la résorption de l’habitat précaire (RHP). Sur un autre plan, notre commune demeure une petite municipalité avec un caractère plutôt rural et qui n’a pas beaucoup de ressources. Nous essayons, cependant, de développer et de diversifier nos ressources. Nous avons près de 8 000 habitants, dont 6 000 habitent le chef-lieu communal. Pour les villages, nous avons quatre grandes localités, la ferme Abdellaoui à l’ouest, Draâ Bourfiâ, Slamat et Ouled Amar.
Vous avez récemment reçu le wali de Bouira lors d’une visite de travail…
Effectivement. Il a visité une exploitation de poules pondeuses de l’ORAC ainsi qu’une pépinière du secteur des forêts, comme il a visité le siège de la commune et s’est enquis du service biométrique. Il a également passé en revue tous les projets qui ont été affectés à notre commune. Pour nous, c’était une première visite très valeureuse et encourageante.
Vous avez toujours réclamé la réalisation d’un lycée. Quelles sont les démarches entreprises dans ce sens ?
Effectivement, c’est une revendication très ancienne que les citoyens ont avancée depuis plusieurs années. Nous avons proposé l’implantation d’un lycée et d’un nouveau CEM, car l’unique collège de notre commune est en état de dégradation. Nos élèves souffrent des conditions de scolarisation un peu difficile. Les lycéens doivent se déplacer jusqu’à Aïn-Hdjar ou Aïn-Bessem, alors que les collégiens souffrent de la dégradation du CEM. Nous avons même entrepris des démarches pour la libération d’assiettes de terrain au chef-lieu, avec notamment l’extension du plan d’aménagement (PDAU). À ma connaissance, les deux projets ont été approuvés par les services techniques de la wilaya et devraient être inscrits très prochainement.
Votre commune souffre aussidu problème de manque de transport, surtout vers le chef-lieu de la wilaya…
Nous avons formulé une demande auprès de la direction des transports pour l’ouverture d’une ligne de transport directe vers Bouira ainsi que pour le renforcement des moyens de transport vers Aïn-Bessem, et nous attendons toujours leur réponse. Je ne vous cache pas que notre commune souffre sérieusement de ce problème. Une situation qui a favorisé la prolifération du transport clandestin. Heureusement que nos élèves disposent du ramassage scolaire au même titre que les étudiants de l’université de Bouira qui disposent de deux bus.
Les quatre villages que compte la commune ne sont toujours pas raccordés au gaz de ville ?
Effectivement, nous n’avons que le chef-lieu communal qui est raccordé au gaz naturel à hauteur de 100%. Malheureusement, ce n’est pas le cas pour nos villages et ce, malgré l’existence des études techniques réalisées par la direction des mines. Il faut noter, cependant, que ces mêmes localités sont alimentées régulièrement en gaz butane et nous n’avons jamais eu de problème d’approvisionnement, avec notamment l’existence de deux dépôts de gaz sur le territoire de la commune. Récemment et lors de la vague de froid qui a frappé la région, l’APC a déployé tous les moyens pour l’acheminement du gaz butane du centre de production d’Oued El-Berdi vers ces localités, et nous n’avons eu aucun problème dans ce sens.
Qu’en est-il de l’alimentation en eau potable ?
Sur ce point, je peux affirmer que toute la commune d’Aïn-Laloui est alimentée en eau courante grâce, notamment, au programme sectoriel et aux grands transferts d’eau du barrage Koudiat Acerdoun, même nos villages sont alimentés en eau potable.
Le réseau routier communal souffre de dégradation au même titre que le chef-lieu dont le projet d’aménagement n’a toujours pas vu le jour…
Oui, malheureusement le chef-lieu communal se trouve dans un état de dégradation avancée. Je rassure les riverains qu’un budget de 10 millions de DA a été inscrit dans notre programme PCD 2017, qui sera destiné à l’aménagement urbain du chef-lieu. Il s’agit là d’une première tranche du projet, car l’étude globale est d’un montant de 46 millions de DA. Elle sera concrétisée d’une manière progressive avec notamment les autres programmes de développement. Au chef-lieu, nous avons réalisé deux stades maticos et un jardin qui ont été réceptionnés. Nous avons aussi un problème pour les deux routes manant vers les deux localités de Draâ Bourfiâ et Salamat, qui se trouvent dans un état de dégradation très avancée. Avec le chef de la daïra d’Aïn-Bessem, nous avons introduit une demande d’inscription de projets de réhabilitation, espérons seulement que la situation économique et financière du pays s’améliorera, car je suis conscient que l’État ne peut pas financer toutes nos propositions et nous devons nous concentrer sur les priorités.
Un mot sur le chômage ?
Notre commune souffre effectivement de ce problème, particulièrement les jeunes, dont certains sont pris en charge par les dispositifs d’emplois de l’ANEM et de la DAS. Nous avons essayé, cependant, de lancer certains projets d’investissements afin de créer des postes d’emplois pour nos jeunes. Deux projets importants ont déjà vu le jour. Il s’agit d’une usine de carrosseries pour poids-lourds qui est déjà entrée en production et d’une grande minoterie qui est actuellement en cours de réalisation. Rien qu’avec ces deux projets, nous avons prévu plus de 100 postes d’emploi direct. Malheureusement, notre commune ne dispose pas de zone d’activités, car le terrain qui a été réservé pour abriter une ZAC au début des années 1980 a été récupéré par l’entreprise publique ORAC. Actuellement, nous faisons de la prospection pour trouver un terrain idéal pour abriter une nouvelle zone.
Quels sont les principaux projets réalisés durant votre mandat ?
Il y a l’extension du réseau d’assainissement pour le chef-lieu, ainsi que l’aménagement des deux quartiers de la mosquée et de Moufdi Zakaria. Nous avons aussi réalisé une annexe de l’état civil au niveau de la ferme Abdelaoui, qui est actuellement opérationnelle. Le réseau d’éclairage public du chef-lieu a été entièrement réhabilité, au même titre que le réseau AEP. Nous avons, aussi, réalisé trois châteaux d’eau au niveau de trois villages. Plusieurs autres petites opérations ont été réalisées dans le cadre de notre programme, selon nos moyens financiers. D’autres opérations seront lancées dans le cadre du PCD 2017. En plus, de nos budgets, le wali vient tout juste de nous accorder deux projets pour l’engazonnement et la réhabilitation de deux stades maticos au chef-lieu.
Le secteur du logement, pas trop d’attente des citoyens ?
Mais si justement. Le nombre de dossiers de demandes recensées au niveau de la daïra avoisine les 1 100 dossiers, alors que les projets en cours de réalisation ne dépassent pas les 200 unités du type social et 30 du type LPA. C’est clair que la demande dépasse largement l’offre. Espérons que les autorités de la wilaya nous attribuent plus de projets pour le logement, surtout que notre commune ne souffre aucunement du problème de manque d’assiettes, et nous pouvons accueillir plusieurs autres projets. Je m’adresse par le biais du journal à l’OPGI de Bouira, car je sais que beaucoup de communes de la wilaya ne possèdent plus d’assiettes pour accueillir de nouveaux logements, ces mêmes projets qui peuvent être délocalisés vers notre commune. Notons seulement qu’un projet de réalisation de 100 logements LPA sera prochainement lancé et que la demande en habitat rural a été entièrement satisfaite et actuellement, nous n’avons que sept demandes à notre niveau pour cette formule.
Votre mandat touche à sa fin. Seriez-vous candidat pour un autre mandat à la tête de l’APC ?
Malheureusement mon état de santé ne me le permet pas. Donc, je pense qu’il est grand temps de laisser la place aux jeunes. Pour moi, je sortirais la conscience tranquille car durant tout le mandat, j’ai fidèlement servi nos concitoyens.
Entretien réalisé par Oussama Khitouche