Lors d’une conférence de presse, tenue hier au siège de la chambre, des membres élus, puis déchus, de la chambre de l’agriculture de la wilaya de Tizi-Ouzou ont tiré la sonnette d’alarme quant à la situation «dramatique» que vivent les agriculteurs dans la wilaya. Ils interpellent le président de la République afin qu’il intervienne pour réhabiliter leur bureau «légitime», destitué «sans motif», et pour régler la situation de blocage dans laquelle se trouve la chambre de l’agriculture de la wilaya. Cette dernière est «sans bureau exécutif» depuis l’année dernière, bien que «des élections eurent lieu et les agriculteurs avaient choisi leurs représentants», a expliqué le président destitué, Saidani Hamid. «720 dossiers de nouveaux agriculteurs ne sont toujours pas validés, ils restent sans cartes professionnelles ce qui les prive de tous leurs droits. 20 autres dossiers dans le cadre des dispositifs d’aides sont aussi bloqués faute de validation de leurs dossiers». M. Saidani a regretté «la pénalisation des agriculteurs, engendrée par le retard dans l’installation du conseil». Notons que, selon toujours le conférencier, «ces membres ont été élus par une assemblée générale de la chambre de l’agriculture de Tizi-Ouzou les 1er et 3 novembre 2016. L’installation officielle du conseil d’administration de la chambre de l’agriculture et de son président a eu lieu le 21 décembre dernier, par un arrêté du ministre de l’Agriculture conformément à la loi. Mais les pouvoirs publics, en la personne du secrétaire général du ministère de l’Agriculture, du développement rural et de la pêche, l’ont aussitôt destitué, sans motif», a expliqué M. Saidani. «Ils nous ont demandé de refaire les élections en l’espace de quelques jours, chose que nous avons refusée catégoriquement». «Nous avons à six reprises sollicité le ministre, mais il a refusé de nous recevoir». «Puis, nous nous sommes rendus au ministère en compagnie de plus de 15 associations professionnelles qui nous ont soutenus et confortés, et nous avons été reçus». «Nous avons exposé la situation et là on nous a demandé de ne pas refaire les élections puisque il n’y avait pas eu de problèmes. Seulement, aucun document ne nous a réhabilités», a encore expliqué M. Saidani. «Nous subissons beaucoup de pressions de la part des agriculteurs. Ces derniers ont tenté à maintes reprises de fermer la chambre de l’agriculture et le siège de l’UNPA. On a pu calmer les esprits jusque-là mais nous ne garantissons plus rien pour l’avenir», avertit le conseil d’administration destitué. «Si la situation ne change pas, si on n’est pas réhabilités, si on ne reconnait pas la légitimité de notre bureau, les agriculteurs vont réagir et on n’est plus responsables de ce qui arrivera, on ne pourra plus les arrêter», a-t-on encore menacé, en précisant que des mesures vont être prises dans les prochains jours, à savoir notamment, «geler leurs agréments et se désengager de toute responsabilité», «les associations professionnelles qui les confortent vont boycotter toutes les activités agricoles dans la wilaya», en plus de «probables actions de la part des agriculteurs qu’on ne pourra plus arrêter désormais». «On est victimes de la mafia de l’agriculture de la wilaya qui se croit plus forte que l’Etat», «les enjeux sont clairs : c’est l’argent et les biens que nous avons acquis récemment», commente t-on.
Kamela Haddou
