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Mendiants, entre nécessité et métier…

Au chef-lieu de Tizi-Ouzou, presque plus aucun endroit n’échappe au phénomène de la mendicité.

En effet, que ça soit au niveau du centre-ville, de la Nouvelle ville, ou encore au niveau de la nouvelle gare routière, il est constaté la présence, en grand nombre, de ces personnes particulières sollicitant quelques dinars aux passants, parfois en criant famine et privation à qui veut les entendre. A noter que parmi les personnes qui s’adonnent à la mendicité, il y a beaucoup de réfugiés subsahariens et syriens, constate-t-on dans les grandes ruelles de la ville. Pour rappel, en 2012, un projet de loi à été élaboré afin de lutter contre ce phénomène de mendicité qui en train de se «professionnaliser», mais en vain, visiblement. Il est vrai qu’en pratique, il n’est jamais aisé d’interdire à une personne de mendier quelque chose à se mettre sous la dent ou encore une pièce pour acheter un bout de baguette… Sauf que le phénomène prend ces derniers temps une autre dimension touchant même des enfants en bas âge. Il constitue en effet un réel danger pour ces innocents qui en sont victimes, notamment les bébés, exploités à la seule fin du gain facile. Pour leur part, les citoyens sont désemparés devant la pratique, d’autant qu’elle implique des enfants, des handicapés, et des personnes âgées, exposés à bien des périls. «On ne peut plus reconnaître les vrai nécessiteux du faux dans cet univers de mendicité et de ruse. Il y a, bien sûr, des personnes qui sont poussées par la misère à tendre la main. Mais celles-ci le font en toute discrétion», estime un citoyen résidant à la Nouvelle ville. Et à un autre de renchérir : «Nos villes sont envahies par des dizaines de nouveaux débarqués professionnels dans la mendicité. Mais le pire, c’est l’exploitation des enfants, parfois en bas âge, ou des handicapés, dans le but d’attendrir des passants afin de leur soustraire quelques dinars. Ces victimes sont, malheureusement, réduites à de simples outils de travail, par des individus faisant fi de la loi et des dangers qu’encourent leurs victimes». À noter que l’activité de la majorité de ces mendiants se pratique à «plein-temps». En effet, ils arrivent de bonne heure et s’installent dans les rues fortement fréquentées du chef-lieu, notamment près des mosquées et des campus universitaires, et ne quittent les lieux qu’en fin d’après-midi. À souligner que certains d’entre eux, un fait nouveau, jettent leur dévolu sur les autoroutes. En effet, profitant des embouteillages, ils tentent de soutirer quelques pièces aux automobilistes, sans prendre en compte les divers risques d’accidents qui les guettent. Pour rappel, le ministère de la Solidarité nationale et de la famille a tranché de poursuivre en justice toute personne exploitant des enfants à des fins de mendicité, et à retirer ces derniers à leurs parents, en les plaçant dans des centres spécialisés. Malheureusement, ce projet est visiblement mis en veilleuse, comme en témoigne l’ampleur que prend ce phénomène. «Le laxisme des autorités concernées a laissé le champ libre aux multiples escrocs et à une maffia d’un nouveau genre. Certains mendiants habitent des maisons de luxe. Concernant les vrais nécessiteux, l’on se demande ce que font pour eux les associations à vocation humanitaire. Où vont alors les aides ? Arrivent-elles vraiment aux vrais démunis ?», s’interroge un résident du centre-ville. Et à un autre d’enchaîner : «Il urge de tout revoir pour venir à bout de ce phénomène».

Zeghouf Tassadit.

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