» Une grève en période d’examens, pour attirer l’attention des pouvoirs publics »

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La Dépêche de Kabylie : Quel est le bilan établi par le CNES concernant la grève du 25 février au 2 mars ?Farid Cherbal : C’est une grève qui a été suivie massivement à travers la majorité des établissements universitaires du pays, et elle rappelle par son ampleur la grève de trois mois de 1996-1997. Dès le début de cette grève, il y a eu un suivi massif des enseignants du supérieur, qui revendiquent la révision des salaires et le statut. Ces points sont des questions qui mobilisent depuis 11 ans, face à la dégradation du pouvoir d’achat de l’enseignant. Il est important de souligner que c’est la première grève depuis le communiqué du Conseil du gouvernement du 20 octobre 2004 qui a remis en cause le droit à la grève. C’est une grève à travers tout le territoire. Cela démontre aussi qu’ils tiennent à défendre leur droit à la grève, malgré le harcèlement judiciaire et celui de la tutelle, les enseignants n’ont pas reculé, ce qui prouve également que le droit à la grève est une revendication des salaires stratégique au même niveau que la revalorisation des salaires.Cette grève avec celle de l’intersyndicale sont en train de rétablir les espérances dans la société et chez les travailleurs. Nous avons essayé pendant ces deux dernières années d’établir un débat constructif avec le ministère de tutelle autour du statut de l’enseignant universitaire, la question du salaire, du logement et surtout de la démocratisation de la gestion de l’université.Mais les choses n’ont pas bougé. Durant cette semaine, nous avons tenu, un peu partout sur les campus, des piquets de grève, des A.G. de mobilisation de proximité et des conférences sur le statut de l’enseignant pour sensibiliser sur la légitimité de notre grève.

En ce qui concerne la grève du mois de mai, vous ne voyez pas que vous allez déstabiliser les étudiants ?Le CNES s’est réuni le 6 décembre 2005 où il a adopté un programme national, qui prévoit une contestation graduelle. Une journée de protestation avec arrêt de travail le 24 janvier dernier, suivie par cette grève de sept jours. Et nous allons organiser une autre grève prévue pour le mois de mai prochain, si nos revendications ne sont pas prises en charge. Cette dernière sera organisée après un vote. Comme elle sera organisée exprès, pendant la période des examens, pour attirer l’attention des pouvoirs publics, car ces derniers ne sont intéressés que par cette politique. Cette mesure de bloquer les étudiants est le seul et unique moyen pour faire bouger les pouvoirs publics.

Pouvez-vous nous rappeler vos revendications ?Les revendications des enseignants tournent autour de la revalorisation des salaires, le statut particulier de l’enseignant chercheur, la démocratisation de la gestion des universités en organisant les élections des doyens et des chefs de département, la généralisation de l’indemnité spécifique de poste qui constitue 80 % du salaire, l’affectation de logements aux enseignants et la régularisation de la situation des logements.

Parlez-nous un peu de la réunion qui se tiendra le 8 mars ?Aujourd’hui, il va y avoir une réunion du conseil national des enseignants du supérieur qui regroupera les différents syndicats et les coordinateurs régionaux du secteur pour faire le bilan de la grève, ainsi que nous allons organiser une réunion pour décider les modalités d’application de ce qui reste du programme, et pour décider également d’une action commune.

Quelles sont les perspectives du CNES ?Pour ce qui est des perspectives, il s’agit de l’organisation de la grève ouverte durant le mois de mai. Pour cela, il va y avoir tout un travail avec les étudiants et la société pour expliquer tout d’abord la plate-forme de revendications et pourquoi nous sommes obligés de faire la grève.

Est-ce que vous pouvez nous citer les universités qui n’ont pas suivi la grève ?Nous avons le cas de l’université de Biskra. Les enseignants de cette université ont été obligés de geler la grève suite à l’action de la justice. Ces derniers ont été menacés par le recteur de cette institution, qui les a attaqués en justice.

Entretien réalisé parNawel. B

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