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«Le problème du système de la santé reste aigu»

Le chef du service par intérim d’épidémiologie et de médecine préventive au CHU Mustapha-Pacha, Abdelouahab Bengounia a indexé, hier à Alger, la gestion des établissements publics de santé qu’il a qualifiée de «catastrophique», au niveau national. «Au cours de ces dernières années, on a constaté un relâchement des activités de santé. La réforme hospitalière entamée en 2002, qui devrait être limitée dans le temps, persiste toujours sans donner des résultats concrets», a martelé M. Bengounia lors d’une conférence-débat. Cette dernière a été animée au siège du quotidien «El Moudjahid», sous le thème «santé publique et formation médicale en Algérie : Quel avenir ?», à l’occasion de la Journée mondiale de la santé, célébrée par l’OMS le 7 avril de chaque année. «On est confrontés à une gestion catastrophique. Le problème du système de la santé en Algérie reste aigu», a-t-il lancé. Selon lui, cela est le résultat de plusieurs décisions qui ont été prises dans le secteur de la santé. Il a cité, entre autres, la création en 1986 des centres hospitalo-universitaire, à laquelle il s’est opposé à l’époque. «Si nous avions laissé le système de santé universitaire, nous n’aurions pas eu tous ces problèmes», a regretté le Pr Bengounia. Ce dernier a estimé que la mise en place des CHU dans dix wilayas du Nord du pays est «inefficace et inaccessible et viole le principe d’égalité». Et d’ajouter : «On ne va pas développer l’Algérie en développant seulement dix wilayas». Il a, également, mis l’accent au sujet des médecins qui se trouvent dans l’obligation de fuir le pays, à cause de la bureaucratie et de la mauvaise gestion. «Nous sommes en 2017, et on ramène encore des étrangers pour soigner nos malades !», a-t-il martelé. Dans ce sillage, il a évoqué le problème lié à la formation du personnel et des futurs médecins dans les universités, notamment suite à la mise en place du système LMD qui selon lui, «a détruit les nouvelles générations qui sont mal formées». Au sujet de la mise en retraite des professeurs des CHU qui ont atteint l’âge légal, le Pr Bengounia a estimé que cette décision dégrade davantage la situation de la gestion au niveau des hôpitaux. «Au niveau des hôpitaux d’Alger, plusieurs services sont gérés, actuellement, par les maîtres-assistants», a-t-il dit. Face à cet état de fait, il a mis en avant la nécessité d’assurer l’équilibre régional, de respecter les droits des citoyens, ainsi que les compétences du personnel du secteur de la santé.

Samira Saïdj

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