Le marché de recyclage des déchets solides dans la wilaya de Béjaïa ne connaît pas un engouement particulier de la part des opérateurs économiques.
Même si des unités de recyclage sont ouvertes, ici et là leur nombre demeure insignifiant. Ce créneau aurait pu prendre une option sérieuse s’il était pris à bras-le-corps. Et les quantités de déchets qui s’amoncellent un peu partout auraient diminué drastiquement. Mais voilà les choses ne se passent pas de la sorte, et ce sont les autres opérateurs venant des wilayas limitrophes qui en profitent. En effet, dans la décharge sauvage d’Ichikar, près de Boudjellil et Tazmalt, les déchets, notamment recyclables, s’entassent à perte de vue. Et dans les tas de ces ordures, il a été aperçu, sur place, des silhouettes de loin. Ce sont les « chercheurs » de déchets recyclables qui récupèrent, chaque jour, tout ce qui est bon à recycler. Ils viennent des wilayas de M’sila et Bordj Bou Arréridj, pour transporter les déchets à l’aide de camionnettes ou de camions, pour les revendre aux multiples unités de transformation qui sont en activité dans ces départements. Ce domaine est très en avance dans ces wilayas, où les détritus à récupérer ont leur pesant d’or. Dans la wilaya de Béjaïa, cette manne est jetée dans la nature sans profiter aux différentes collectivités locales. Ainsi, dans cette décharge d’Ichikar, il est constaté de gros ballots de déchets, essentiellement du plastique (des bouteilles, des ustensiles, des caisses, des chaises,…) qui sont entreposés ça et là en vue d’être recyclés. Des fouilleurs dispersent des fatras d’ordures à la recherche de tout ce qui pourrait servir à nouveau. Ils ne portent ni masques ni gants ou tout autre équipement capable de les protéger contre la puanteur ambiante et les saletés jonchant les lieux. « J’ai l’habitude! », tranche l’un d’entre eux. Ce n’est certes pas par gaieté de cœur que ces chercheurs de déchets se trouvent là mais parce que cela leur rapporte beaucoup d’argent. « Le kilogramme du plastique se vend à 45 DA aux unités de recyclage. Quant à la ferraille et autres métaux comme l’aluminium, elle est cédée à 10 DA/kg. En somme, c’est un vrai business qui s’opère dans ces décharges repoussantes certes, mais qui s’avèrent fructueuses. Mais ce sont les propriétaires des unités de transformation des déchets, situées sur les territoires de M’sila et Bordj Bou Arréridj, qui en profitent le plus. »Avec le plastique que je récupère, je fabrique avec des moulages des chaises, des tables, des bassines, des tabourets en plastique et bien d’autres que je vends au marché! » révèle le propriétaire d’une unité de recyclage et de transformation de M’sila. Dans la wilaya de Béjaïa, ce créneau est loin d’être le souci majeur des investisseurs qui préfèrent voir ailleurs. Seules quelques unités existent à travers le territoire de la wilaya, mais qui ont du mal à fonctionner à plein régime.
Syphax Y.

