Natif du village Aït Imghour sis dans la commune de Mechtras, le chanteur-musicien, Saïdji Belaïd est né le 13 août 1949. Il fait ses débuts artistiques avec la troupe des scouts musulmans algériens du village. “C’était en 1965, en ce moment-là, on ne chantait que des chansons révolutionnaires”, sa soif pour la musique l’avait poussé, lui et quelques amis à former un groupe. Un groupe musical avec des moyens dérisoires pour sortir du style traditionnel qui se limitait au Nachid et El Medh. “Dans cette nouvelle troupe, on chantait exclusivement les chansons françaises qu’on avait apprises à l’école”.C’est par un pur hasard que la carrière du jeune Saïdji Belaïd va connaître un autre essor. En effet, en 1967, grâce à un ancien élève du maestro Chérif Kheddam, Saïdji fut placé entre les mains de ce géant de la musique classique algérienne. Durant deux années, il avait appris le solfège et à bien manier le luth. En 1969, il quitta l’école pour se consacrer désormais à ses études au centre technique d’Alger.Après avoir fini son stage avec un brevet de mécanique en poche, Saïdji revenait à la chanson, il enregistra son premier 45 tour chez Mahbou Bati. Deux superbes chansons très écoutées en ce temps-là (Aklaght Taqvaylit, davoudjil arwigh alhif) avec des artistes renommés, Mohamed Chemoune, Aït Habib… il sillonnait les grands cabarets d’Alger, Koutoubia, El Djamila en solitaire, tantôt musicien des fois, chanteur. Reconnu pour ses capacités de musicien de talent, il sera sollicité à participer dans plusieurs enregistrements des célébrités de l’époque, notamment, Aït Menguellet, Aït Meslayene, Athmani…En 1978, il tenta un deuxième enregistrement. Avec des musiciens talentueux, Mahmoud Oueza, Aliane Touhami, Papo, il mit sur le marché six chansons traitant l’amour, l’espoir, la mal-vie (Djamila, Halkantiyi Oualnim, Athkhilek Alvaz, F’li idghal Oulik, Siwa dilamnam et Saramagh).Puis, survint le temps des vaches maigres, c’est le silence pour répondre aux besoins de la famille. Saïdji se retira du milieu artistique pour donner son plein temps à son activité de ferronnerie et menuiserie métallique. “L’art ne fait pas vivre dans ce pays”, nous a-t-il souligné.C’est en France, cette fois-ci qu’il marqua son retour à la chanson. En 1982, il signa son troisième album avec Rabah Khalfa, Boubker Kriou, M’kadem et autres, tous des musiciens valeureux.L’émergence du rai et les éditeurs qui n’ encouragent que la chanson sandwich avaient poussé bon nombre d’artistes au mutisme. Saïdji, lui aussi, a été contraint au silence. D’ailleurs, sa dernière cassette qu’il vient de mettre sur le marché a été enregistrée en1991. “Les éditeurs ne voient que le côté commercial, ils encouragent la chanson de fête et participent à la régression de la chanson kabyle”.Taqvaylit, Vaâdhyi, Oul Yessla, Téléphone, Karima et Akamachrach, sont les six chansons que comporte ce nouveau tube. L’amour comme espoir, espoir pour vivre pleinement la vie serait le message de cet ancien chanteur qui semble prêt pour défier le climat musical d’aujourd’hui.
Ali Khalfa