Les entreprises privées d’électricité et de gaz, structurées dans l’association nationale des entreprises de l’électricité et du gaz (ANEEG), dont le siège national se trouve à Boumerdès, se sont réunies, jeudi dernier, à l’hôtel Sarrazin, au centre-ville de Béjaïa.
C’était dans l’optique de discuter de leurs créances détenues auprès du groupe Sonelgaz non recouvertes. «Le groupe Sonelgaz n’a pas tenu ses engagements à payer nos factures. À l’issue de la rencontre du 28 février dernier, nous avons décidé de reprendre le travail pour ne pas pénaliser les populations, suite aux engagements pris par les pouvoirs publics de régler nos situations financières. Mais ce n’est pas le cas», tempête Remila El Hanafi, vice-président de l’ANEEG. Cet entrepreneur a dressé un tableau noir sur la situation inquiétante des entreprises en charge de la réalisation des projets de raccordement et de transport du gaz et de l’électricité dans le cadre du programme quinquennal 2010-2014. «Il y a des entreprises qui ont déjà disparu et d’autres en voie de disparition. Certains entrepreneurs vont jusqu’à vendre leur matériel et s’endetter auprès des proches pour payer les salaires de leurs employés. Nous sommes devant une situation très grave», s’est-indigné M. El Hanafi. Une soixantaine d’entreprises, venues d’une vingtaine de wilayas du pays, ont pris part à cette rencontre, en présence du bureau national de leur association, pour exposer leurs problèmes et se concerter sur les démarches à engager afin de recouvrer leur argent. Les intervenants, lors de cette rencontre, ont soulevé trois problèmes essentiels. Il s’agit du retard flagrant enregistré dans le payement des factures des entreprises, l’application par le maître d’ouvrage des pénalités de retard à l’encontre des entreprises et le non remboursement de la caution aux entrepreneurs afin de leur permettre de respirer, un tant soit peu, en attendant le règlement de leur situation financière. «Si certaines entreprises sont actuellement à l’arrêt, c’est par manque de moyens financiers», a affirmé M. Adrar, membre du bureau national de l’ANEEG. «Plusieurs chantiers sont à l’arrêt, car les entrepreneurs n’ont pas les moyens financiers pour s’approvisionner en matériaux et assurer les salaires de leurs employés», a-t-il regretté. Ce qui ronge le plus ces entrepreneurs est l’attitude jugée «aberrante» des filiales du groupe Sonelgaz consistant à appliquer les pénalités de retard à l’encontre des entrepreneurs, alors que ces mêmes filiales accusent un retard flagrant dans le payement des factures dues par les entreprises. «Comment appliquer aux entreprises des pénalités de retard alors qu’elles accumulent des factures impayées sur plus d’une année ? Et pourquoi on ne nous paye pas des intérêts moratoires pour ces retards dans le règlement de nos situations financières ? C’est une pure aberration», a dénoncé M. El Hanafi.
Des contestations envisagées
Au terme d’un débat riche et fructueux, les chefs d’entreprises ayant pris part à cette rencontre ont privilégié la voie pacifique pour réitérer leurs doléances aux pouvoirs publics et réclamer le payement de leurs dus. Certaines voix ont proposé des actions radicales comme la fermeture des routes, arguant que c’est le seul moyen efficace pour se faire entendre des autorités du pays. Le bureau national de l’ANEEG a, lui-même, reconnu qu’il a épuisé toutes les démarches pacifiques pour se faire entendre, mais en vain. En effet, le Premier ministre a été déjà saisi via une lettre ouverte publiée dans la presse nationale. Finalement, c’est la voie «de la sagesse» qui a prévalu. Il a été décidé dans un premier lieu de publier une lettre ouverte au président de la République pour demander son intervention en vue de débloquer la situation. En outre, des sit-in devant les directions de wilaya des sociétés de distribution de l’électricité et du gaz sont prévus prochainement. Enfin, un grand rassemblement pacifique sera programmé juste après les élections législatives du 4 mai prochain, au niveau du siège national du groupe Sonelgaz, a-t-on appris de M. El Hanafi.
Boualem Slimani

