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«Mon troisième album cet été»

Safia Tighzer est une jeune chanteuse pleine de talent qui voit grand. Elle veut continuer à progresser pour espérer s’approcher du niveau de son idole de toujours, Na Cherifa. Dans cet entretien, elle parle de ses débuts, de ses aspirations ainsi que de ses difficultés.

La Dépêche de Kabylie : Pouvez-vous vous présenter au public qui ne vous connait pas ?

Safia Tighzer : Je suis originaire du village Ait Meloul relevant de la commune de Tichy. J’aime le chant depuis que j’étais petite. J’avais toujours rêvé de devenir chanteuse une fois grande. En 2006, j’ai rencontré El Jida Thamechtohth qui m’a présentée à la chorale Tarbaath lkhalath de Cherifa Oukbou. C’est à partir de là que j’ai commencé à chanter et à jouer de la musique. Je suis restée avec cette chorale jusqu’en 2012. J’ai animé des galas un peu partout en Algérie, en plus d’avoir participé à des émissions de télé et de radio.

Avez-vous des albums sur le marché ?

J’ai enregistré mon premier album intitulé «Laoulia Rebi» en 2009 avec le studio New Harmonie et l’arrangeur Foudel Issaïden à la cité Merdj Ouamane. Ce premier album a été mis sur le marché en 2012. Ensuite, j’ai enregistré, toujours avec le même studio, un deuxième album intitulé «Lerbayeh», sorti en 2014. Personnellement, je suis satisfaite du travail, car les deux albums ont eu une bonne aura et je crois que le public les a appréciés. Pour les deux, j’ai édité 3 000 CD qui ont tous été vendus, ce qui n’est pas mal pour une débutante.

Un nouvel album peut-être ?

Oui effectivement. Mon troisième album sortira au plus tard cet été. L’enregistrement est déjà terminé. Il contient sept chansons et je ne l’ai pas encore intitulé. J’ai été aidé par mon ami Smaïl qui a composé les paroles de deux chansons. L’édition sera assurée par Gouraya music que je tiens à remercier pour leur aide.

Quel est votre style de musique ?

J’aime beaucoup le style de Na Cherifa (Felas Yafou Rebi), mais je mélange d’autres styles (fêtes, classique, folklore et moderne). Même si j’accorde beaucoup d’importance à la musique ainsi qu’à la mélodie, je privilégie souvent la beauté du verbe.

Est-il difficile de réussir une carrière dans le chant en étant une femme ?

Dans notre pays en général et dans notre société en particulier, les artistes ne sont pas souvent bien respectés, à part bien sûr ceux qui ont déjà percé. Les nouveaux rencontrent énormément de difficultés pour se frayer un chemin. Beaucoup d’entre eux abandonnent en cours de route malgré qu’ils aient du talent. En étant une femme, c’est encore plus difficile. Avant même de songer à entreprendre ce chemin, la femme est découragée car les tabous prédominent dans notre société. On admire et on aime écouter des chanteuses d’ailleurs, mais quand il s’agit d’une femme de chez nous, chanter peut être vu comme une pratique avilissante. C’est dur à expliquer mais c’est la réalité ! Heureusement pour moi que toute ma famille me comprend et m’aide beaucoup. Par exemple, ma mère a composé les paroles de plusieurs de mes chansons et je saisi cette occasion pour la remercier pour tout ce qu’elle fait pour moi. J’ai encore beaucoup d’amis qui m’aide et qui m’encourage, comme Mokrane Ifoula, Kaci Boussad, Ghanou Abdjaoui, Rahima Khelfaoui, Boualem Ikni, Célina, Thanina, Boualem Boukacem, Karima (assa nzeha) et aussi l’arrangeur Toufik Issaïden. Je les remercie beaucoup à l’occasion et je leur souhaite beaucoup de réussite à eux aussi.

Avez-vous un message à l’adresse des responsables du secteur de la culture ?

Cela a une relation avec le phénomène du manque de respect vis-à-vis des artistes que j’ai déjà soulevé. Nous avons des difficultés pour être reçus par ces responsables. Quand nous nous présentons pour exposer nos problèmes, on nous empêche même d’accéder à l’intérieur des enceintes qui sont normalement là pour s’occuper de nous et gérer nos affaires. Je lance un appel au ministre ainsi qu’aux responsables du secteur pour assainir cette situation car à mon avis, il y a trop de hogra. En plus, ces deux dernières années et avec la crise, les opportunités de travailler et de gagner sa vie se sont beaucoup réduites pour un artiste. Un artiste en Algérie trouve des difficultés pour subvenir à ses besoins. Beaucoup vivent dans la précarité. C’est regrettable ! S’agissant de Béjaïa, je souhaite plus d’égards vis-à-vis des artistes locaux car nous nous sentons mieux respectés dans d’autres wilayas que chez nous.

Un dernier mot…

J’espère que mon nouvel album connaîtra un succès et que mes chansons plairont au public. En plus, je suis en train d’enregistrer plusieurs clips avec Khamis Al Kawakib, qui sortiront en même temps que le nouvel album et seront édités par Gouraya music. Je souhaite aussi que la situation de notre pays ira en s’améliorant et avec elle la situation de nos artistes et de tout notre peuple qui mérite mieux.

Entretien réalisé par Saïd M.

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