La mendicité prend de l’ampleur

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La multiplication des mendiants est un phénomène qui a pris une grande ampleur ces derniers temps à Béjaïa

Cette situation renseigne, on ne peut mieux, sur le nombre important de ceux qui vivent au-dessous du seuil de la pauvreté dans l’Algérie de 2017. Les transformations socio-économiques de la société algérienne, basculant vers la paupérisation, démontrent amplement que beaucoup reste à faire, tant sur le volet économique que social. De l’avis des citoyens, ces dernières années, les pouvoirs publics semblent dépassés par les événements, car aucune ville n’est épargnée par la montée en puissance de la mendicité. La wilaya de Bgayet n’échappe pas elle aussi à cette règle. Sillonner les localités longeant la RN26, de Tazmalt à El-Kseur, en passant par Akbou, Ouzellaguen et Sidi-Aïch, donnera à constater les proportions alarmantes que prend ce phénomène. En effet, les quémandeurs sont omniprésents, et parfois agressant par d’incessantes demandes d’oboles. Il est à signaler que parmi les mendiants, figurent beaucoup de migrants subsahariens et réfugiés syriens, qui squattent les espaces publics à la recherche de quelques sous. A noter que la migration subsaharienne est, essentiellement, malienne et nigérienne, car les ressortissants de ces pays n’ont aucune peine à circuler librement dans le grand Sahara. La première raison de la migration est, à n’en point douter, la pauvreté. Ce fléau touche, pour ainsi dire, des personnes de tous âges. Cet univers hétéroclite attise les adeptes du moindre effort à user de subterfuges et de stratégies machiavéliques pour soustraire ne serait-ce que quelques centimes. Toutefois, le marchandage sentimental inquiète les sociologues de par le recours des mendiants à des procédés extra-sociaux. Et pour cause, dans la mendicité, les acteurs sociaux opèrent de part et d’autre une forme de mise en scène, puisque selon certains sociologues, l’on peut y trouver tous les ingrédients d’un scénario comportant les ritualisations reconnues. En effet, le mendiant joue constamment à travers son discours et son apparence physique sur le sentiment de culpabilité qu’il peut provoquer. La fibre sentimentale est mise au-devant pour s’attirer la sympathie et la compassion des empathiques. Pour forcer la pitié et toucher la sensibilité des âmes, certains «professionnels de la main tendue» vont jusqu’à imaginer de pitoyables scénarios à jouer en public. «Certains n’hésitent pas à agripper chaque passant pour lui coller au nez une carte de handicapé ou certificat médical et font dans l’improvisation pour raconter à qui veut bien écouter des histoires à dormir debout, le but étant de soutirer le maximum d’argent quand ils réussissent à faire avaler les couleuvres à leurs ‘’proies’’», déclare un citoyen du chef-lieu de Béjaïa. Cependant, aucune région n’est épargnée par ce fléau qui ne cesse de prendre des proportions alarmantes. Toutes les villes ont le triste privilège d’être un carrefour de la mendicité. Aujourd’hui, ce phénomène fait partie du décor de toutes les rues et ruelles de Bgayet ainsi que de celui des grandes villes du pays. Toutefois, en l’absence de statistiques fiables, il est difficile d’évaluer le phénomène de la mendicité dans ses justes proportions. «N’est-il pas urgent d’orienter les actions de lutte contre la pauvreté vers l’instauration de mécanismes de redistribution permettant la survie de la population, notamment les familles déshéritées et défavorisées ?», s’interroge un autre citoyen d’El Kseur. Et d’enchaîner : «La clochardisation d’une partie de la société algérienne est plus qu’inquiétante, car elle accouche souvent de fléaux sociaux incontrôlables».

Bachir Djaider

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