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Le paradoxe de la distribution de l’eau

Le cauchemar de la rareté de l’eau dans les robinets va sans doute se poursuivre encore cet été, d’autant plus que la saison a été très faible en pluviométrie.

La rareté ne date en faite pas d’aujourd’hui. Dans plusieurs localités de la wilaya, l’eau est rationnée pendant toute l’année. Certains villages ne reçoivent l’eau qu’une seule fois par semaine, voire plus et pendant à peine quelques heures, même pendant l’hiver. Les consommateurs sont toujours contraints d’acheter de l’eau par citernes tractables. Les exemples ne manquent pas. Au sud de la wilaya, particulièrement à Maâtkas, Tizi N Tléta et à Agouni Gueghrane, à titre d’exemple, l’eau ne coule dans les robinets que rarement. Au nord de la wilaya, de Tigzirt à Mekla en passant par Makouda, l’eau n’est pas plus présents dans les robinets. Les puits, les fontaines publiques et l’achat de citernes sont l’unique solution qu’ont les citoyens pour étancher leur soif. Malheureusement, ces solutions ne sont possibles que pendant la saison hivernale car en saison chaude les puits et les fontaines tarissent aussi. Du coup, les actions de protestation ont souvent refait surface. Les sièges de daïra, de mairies et de l’ADE sont fréquemment ciblés par des fermetures. Qu’est-il fait jusqu’à maintenant pour régler ce problème et mettre fin au feuilleton conflictuel estival ? Pratiquement pas grand-chose. On s’en souvient du feuilleton d’Illilten, un conflit sur l’eau, qui a fait l’actualité tout au long de l’année 2016. On s’en souvient aussi des actions de protestation des villageois de Mâatkas, de Tizi N Tléta et la liste est encore longue. Cette année encore, le risque d’une saison estivale chaude et agitée risque de revenir si le nécessaire n’est pas fait. Il faut signaler quand même que la région de Tizi Ntléta a été raccordée à la nouvelle conduite venant du barrage de Koudiet Asserdoun. Mais hélas, la situation n’a pas évolué d’un seul iota puisque la distribution est restée telle qu’elle. L’eau n’arrive qu’une fois par semaine !

250 000 M3 sont pompés au quotidien

Le directeur de l’Algérienne des Eaux de l’unité de Tizi Ouzou, M. Berzouk Amar, indique pourtant que «le barrage de Taksebt est rempli à hauteur de près 60%. L’eau est disponible et nous n’avons envisagé aucun plan de rationnement». Concernant la rareté du liquide précieux dans plusieurs localités, le directeur de l’ADE de Tizi Ouzou expliquera : «La ressource est disponible. Le pompage se fait comme auparavant et à raison de 250 000 M3/jour. Il y a des problèmes de gestions au niveau des localités et il y a aussi le problème de manque de présence de nos agents sur le terrain. Nous avons besoin de plus d’agents pour pouvoir intervenir rapidement et efficacement». Le directeur de l’ADE exhorte «les consommateurs à faire preuve de civisme et de ne pas gaspiller l’eau car elle est précieuse et vulnérable au même temps». Pour les besoins futurs de la wilaya, le premier responsable de l’Algérienne des Eaux de Tizi Ouzou table sur «la réception du barrage de Souk Tléta et la réalisation des barrages de Sidi Khelifa, Stita et Bounachi». Il en ressort, si l’on compare la situation réelle du terrain aux propos du directeur de l’ADE, que l’eau constitue à Tizi Ouzou un paradoxe. La wilaya possède des potentialités conséquentes en matière de ressources hydriques mais n’en reçoit pas suffisamment et régulièrement. Les problèmes sont nombreux, en plus du relief montagneux, accidenté et escarpé de la wilaya, ce qui constitue une contrainte réelle pour l’acheminement de l’eau vers les habitations réparties sur 1540 villages, il y a aussi la vétusté du réseau qui par région demeure encore en acier et donc les fuites sont innombrables et récurrentes. Le manque de réservoirs d’emmagasinement, de barrages et de forages et si on ajoute à tout cela le manque en moyens matériel et humain de l’entreprise publique de l’ADE, qui fait aussi face à des problèmes de recouvrement des créances, s’additionne à l’incivisme de certains consommateurs et aux piratages. Et lorsque la saison souffre d’une pluviométrie faible, comme c’est le cas cette année, la situation ressemble à une équation à plusieurs inconnues.

Hocine Taïb

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