Les agriculteurs vont jusqu'à exploiter leurs terres à la lisière des maquis, mais les sangliers ne les épargnent pas.
En effet, ces bêtes saccagent tout sur le passage. Dans ce village relevant de la commune d’Ait Yahia Moussa, il faut dire que les cultures ont bien réussi grâce aux dernières pluies. « J’ai planté de la pomme de terre. La semence me revient cher. Mais, eu égard au prix de la pomme de terre aujourd’hui sur le marché, il vaut mieux investir dans cette filière que de rester les bras croisés. Malheureusement, en dépit des haies avec lesquelles nous entourons nos champs, les sangliers et les porcs-épics trouvent toujours le moyen d’y pénétrer », nous confie un habitant d’Ikhervane dans cette grappe de villages. Dernièrement, tous les agriculteurs ont finalement vu des dizaines de chasseurs venir des autres localités pour y mener des battues. « Ils sont bien équipés. En plus de leurs fusils de chasse, ils ont des chiens bien entraînés. D’ailleurs, ce sont ces canidés qui prennent les sangliers en chasse avant que les chasseurs ne les éliminent », nous répond un autre fellah d’Ath Salem. Tous les weekends, le décor est planté dès l’arrivée de ces « sauveurs ». Pour réussir ces opérations, les villageois leur prennent assistance. « C’est nous qui connaissons où se cachent ces animaux, c’est pourquoi nous devons leur montrer leurs caches. Mais une fois débusqués, c’est leur affaire. Vendredi dernier, ils ont abattu une dizaine. Vraiment, il y a beaucoup d’ambiance dans nos champs. C’est ce qu’on appelle joindre l’utile l’agréable », enchaîne le deuxième interlocuteur. Certes, ces chasseurs règlent un tant soit peu ce problème, tout de même, il faudrait que les bergers soient avertis. « On ne m’a pas avisé. J’ai lâché toutes mes chèvres libres dans les champs. Fort heureusement, elles n’ont pas été toutes mordues par leurs chiens. Quand même, j’ai eu peur pour elles. Deux d’entre elles ont été légèrement mordues », nous racontera un berger. En dépit de ces petits désagréments, il est clair que la chasse aux sangliers est indispensable d’autant plus que ces villageois comptent beaucoup sur les produits de leurs potagers: laitue, fèves, petits pois, oignons…seulement, il faudrait aussi que tous les villageois soient informés à l’avance pour éviter des malheurs c’est-à-dire ne laisser ni les enfants ni les femmes sortir dans les champs de peur qu’ils ne soient surpris par leurs cartouches.
Amar Ouramdane

