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L’Assemblée, conclave des médiocres

l Les sessions de l’APN se suivent, se ressemblent et déroulent les faits et gestes des députés dans une affligeante routine. Les rares élans d’espoir placés dans les rares textes de loi qui vaillent le coup d’être suivis, passent à la trappe de l’ennui sitôt les débats engagés et les audacieux, ou se voulant tels, sursauts contradicteurs sont effacés en plénière par l’unanimisme de la main levée. Bilan ou programme du chef du gouvernement, loi de finances ou textes censés etre fondateurs de l’esprit républicain, aucun élément soumis à discussion puis à vote ne résiste à sa réduction en une pâle copie de son intention première, pour être converti au statut de simple document vidé de son sens par des membres de l’auguste assemblée aussi ennuyés qu’ennuyeux. Hormis des moments où il est de bon ton d’arborer une bienséance parlementaire par la présence dans la salle des pas perdus et face aux caméras, les locataires de l’hémicycle s’évertuent, en dépit de toutes les remontrances, à ne briller que par leur seule faculté de brillance, qui est l’absentéisme. Se complaisant dans la peu enviable posture de risée politique de l’ensemble de la population, à commencer par les électeurs, et sauf quelques rares exceptions, indépendantes ou partisanes, qui font honneur à la vocation représentative, les députés persistent à ne rivaliser, au fil des mandats, qu’en matière de médiocrité et d’incompétence à s’élever au niveau de leurs propres promesses. Profitant, avec une indécente gloutonnerie, de privilèges et d’indemnités immérités octroyés cyniquement par un pouvoir qui se fait fort de les avilir par cette luxueuse aumône, ils meublent leurs absences par un grand activisme d’interventions auprès des autorités locales. Ces interventions, bien sûr monnayées rubis sur l’ongle, servent à engrosser les petits cousins et petits voisins en capital de lots de terrain et locaux commerciaux. Bref, l’Algérie, peuple et Etat, ne mérite pas de s’acoquiner avec de telles institutions qui n’honorent pas l’idée que le citoyen se fait de la République, et qui voit ainsi se dévoyer et se dilapider tous ses élans civiques. La chambre basse du Parlement, somme toute, ne mérite même pas d’être dissoute, mais plutôt d’être traitée à sa juste mesure, celle d’un conclave cyclique de médiocres énergumènes qui ont « compris » que la meilleure façon de s’enrichir est de se faire élire.

Nadjib Stambouli

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