Une page d’Histoire qu’il ne faut pas oublier

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Le 8 mai 1945 signifie la fin du nazisme. Il correspond aussi à l’un des moments les plus sanglants de l’Histoire nationale.

La répression colonialiste venait de faire ses premiers accrocs face à une population farouchement déterminée à se promouvoir aux nobles idéaux de paix et d’indépendance.

Faim, famine, chômage et misère semblaient résumer les conditions sociales de la population algérienne colonisée par la France; Une population surtout rurale déplacée car les colons s’étaient saisis des meilleures terres et de plus dans une période de guerre, de sécheresse et de récoltes décimées par les acarides.

Des hommes souffraient de la faim et demandaient justice. Cette journée fut un mardi pas comme les autres en Algérie. Les populations algériennes de Kherrata et ses localités limitrophes avaient été massacrées pour avoir manifesté pacifiquement. Elles sont sorties dans les rues pour réclamer un idéal : la liberté.

Dans le monde occidental, le 8 mai 45 fut célébré dans les interstices de la capitulation allemande. La fin de la Seconde Guerre mondiale, où pourtant des contingents de combattants algériens s’étaient engagés dans l’armée aux côtés des forces françaises. Ce fut la fin de la guerre, cela pour les européens, mais pour d’autres, en Algérie, à Kherrata, Sétif, Guelma, un peu partout, ce fut la fête dans l’atrocité d’une colonisation et d’un impérialisme aveugles qui venait en cette journée marquer par des évènements sanglants parmi la population algérienne, annoncer le plan de redressement des volontés farouches et éprises de ce saut libertaire.

Ce mardi était aussi jour de marché à Kherrata, un village tranquille situé non loin des gorges du Chabet El-Akra, à une vingtaine de kilomètres de la méditerranée. En fin de matinée, la population locale venait d’apprendre les tueries policières perpétrées à Sétif. Les nouvelles se répandaient vite parmi la population de Kherrata. Les européens prennent peur.

L’administrateur colonial leur distribuent des armes et se planquent dans une forteresse qui est le château «Desaix». Et le couvre-feu fut annoncé, ce qui n’a pas pour autant empêcher la population du village et des localités environnantes de se rassembler à Kherrata.

Selon les témoignages recueillis auprès des personnes qui ont vécu ces journées infernales, ce sont des centaines de personnes qui sont arrivées au centre du village, et dès l’aube du 9 mai, une grande agitation y régnait. La population locale, sachant que les Européens étaient armés et prêts à les tuer, s’est rassemblée pour envisager comment se défendre.

Des groupes se sont constitués, certains ont coupé les lignes téléphoniques, d’autres ont cherché des armes au tribunal où le juge a été tué, de même que l’administrateur colonial, et des maisons de colons incendiées. Les Européens, qui se sont refugiés dans la forteresse, tirèrent sur la foule déchainée qui traversait la ville avec le drapeau algérien, tandis qu’on entendait des youyous de femmes.

Armés d’une grande conscience révolutionnaire, beaucoup parmi les insurgés ne savaient pas quoi faire pour réagir face à cette oppression sauvage. Ils se sont rassemblés à hauteur du lieu dit Bouhoukal sur les hauteurs de la ville, mais l’armée coloniale était déjà en marche.

Le peu d’Algériens qui avait des fusils se mettent en groupes dans les gorges de Kherrata et à l’entrée de la ville pour retarder l’arrivée des renforts. Mais dans cette révolte qui allait vite être étouffée par l’armée, il y a eu tout de même des morts et des blessés parmi les militaires et européens.

Vers midi, les mitrailleuses de l’armée française se mettent à tirer de loin sur les populations de Kherrata et des villages avoisinants, et l’après-midi c’est l’aviation qui bombardait les douars environnants, des bombardements, tirs nourris et fusillades firent que plusieurs milliers d’Algériens furent massacrés et vers vingt deux heures, la légion étrangère franchissait les gorges du Chabet El-Akra et arrive à la ville de Kherrata complètement vidée de ses habitants musulmans, dont une grande partie composée d’hommes, de femmes et d’enfants, qui ont été faits prisonniers et rassemblés au niveau du stade communal subissant intimidations et autres sévices inhumains, exposés à la chaleur, à la soif et à la faim.

Certains considérés comme des instigateurs de ce mouvement insurrectionnel ont été transportés au niveau du pont des gorges de Kherrata, où ils furent exécutés et précipités au fond du ravin et la population qui eut la chance de survivre à ces atrocités et massacres a été contrainte de se rendre à la localité de Melbou située sur la côte méditerranéenne, distante de la ville de Kherrata d’environ d’une trentaine de kilomètres, subissant toutes formes de sévices durant tout le trajet par l’armée coloniale, durant lequel plusieurs parmi la population algérienne ne pouvant résister à ce long périple ont succombé à leurs blessures et leur état de santé, surtout pour les personnes vulnérables tels que les personnes âgées et les enfants, d’autres ont été purement «achevées» ne pouvant plus résister aux conditions de ce déplacement forcé. Le reste de la population, restée en vie, a continué sa marche forcée jusqu’à la dédite localité où fut rassemblée toute la population de la région de Kherrata et des localités limitrophes.

Tout est mis en branle devant les officiers et forces armées coloniales présents. Des moyens de répression ont été mis en branle à cette masse humaine concentrée sur la plage exposée des heures durant à la chaleur accablante du soleil, sans manger, ni boire, en plus des représailles dont elle a fait l’objet dans le but de dénoncer les auteurs de ce mouvement insurrectionnel.

Le cauchemar ainsi vécu par la population algérienne de retour à Kherrata a pris fin dans les mêmes conditions que l’aller, faisant plusieurs victimes en plus. Un lourd bilan macabre parmi la population algérienne de Kherrata et de ses localités limitrophes que les forces coloniales ont été l’auteur durant le 8 mai 1945 et pendant plusieurs jours qui ont suivi, parce que cette population est sortie dans les rues pour réclamer pacifiquement la liberté et que la réponse de l’occupant a été faite par une répression aveugle pour faire taire les cris pour la liberté.

Synthèse de S. Zidane (source Rebellyon.info)

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