Les couleurs de l’Europe à Béjaïa

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La 18ème édition du Festival culturel européen en Algérie aura lieu, du 10 au 24 mai, conjointement organisée avec les services culturels des États membres de l’Union Européenne.

Cet événement appelé «Les couleurs de l’Europe» concernera, contrairement aux autres éditions, seulement deux villes, à savoir Alger et Béjaïa.

La capitale s’arroge, bien entendu, la part du lion dans cet événement. Des concerts de musique, des spectacles, des pièces de théâtre et des projections cinéma à destination de tous les publics ou presque sont prévus à cet effet.

En parallèle, il y aura également des Master Class et de nombreuses autres activités, concrétisant ainsi les échanges culturels entre l’UE et l’Algérie. Lors de l’édition précédente, une quinzaine de pays européens avaient pris part à cet événement. Dans le programme, il y aura toute une série de représentations à Béjaïa.

Dès le premier jour, il a été annoncé dans le programme officiel un concert Ethio-Jazz des Pays Bas au TRB à 18 heures. Pour une première, c’en-est une puisque les concerts de Jazz ne sont pas monnaie courante dans la capitale des Hammadites. Avis aux amateurs qui, croyons-le, seront nombreux.

Originaire d’Amsterdam, Jungle by Night est un certain mélange d’éthio-jazz originaire d’Éthiopie, d’afrobeat et de funk music. Les musiciens ont à peine 20 ans en moyenne et produisent un afrobeat vigoureusement festif. Tony Allen, batteur de Fela Kuti et compositeur de légende, a dit d’eux qu’«ils sont le futur de l’afrobeat». Jungle by Night est une formation instrumentale éclectique où circulent les énergies contagieuses de Lagos, New-York et Addis-Abeba.

À découvrir donc. Le mardi 16 mai, toujours au TRB, aura lieu un concert-récital de contes venu d’Italie, intitulé «L’île mystérieuse» de l’ensemble Shulùq. Ce sera une véritable surprise et le public aura tout intérêt à aller à la découverte de ce spectacle prometteur. «L’île mystérieuse» ou «Le vice-roi de l’île Ferdinandea» de Francesco Randazzo est une déclaration d’amour à la poésie «arabe» de la Sicile.

Pour une surprise, on ne peut pas dire que ça ne le sera pas. Dans ce merveilleux creuset de l’art et de la culture dans lequel les «Arabes» ont gouverné pendant quatre siècles, on chantait l’amour de la terre, ses paysages, ses couleurs et ses gens même après leur exil, après l’arrivée des Normands au XIIe siècle. Pour ceux qui ne connaissaient que l’histoire de la prise de l’Andalousie par Tarek Ben Ziad, voici une belle opportunité de découvrir une partie de l’histoire de la Sicile.

Dans la ville d’Histoire qu’est Béjaïa, un spectacle avec un fond historique ne peut qu’intéresser le public. Dans un dialecte sicilien, courtois et inspiré par le plus grand poète sicilien de l’époque, Ibn Hamdis, ce mélodrame musical raconte la légende du roi de l’île Ferdinandea comme un symbole d’un monde perdu qui ne vit que dans le désir de ceux qui veulent rêver et écouter des voix lointaines, en sorte d’échos perdus et de souvenirs oubliés dans la mer profonde de l’histoire.

Une aspiration à un monde meilleur, tant désiré et recherché, quelque fois au prix de la vie des milliers de migrants qui traversent, fuient vers un exil désespéré de la liberté et le salut, mais aussi souvent tragiquement vers un destin de vies brisées et dispersées. Créé par le Shulùq Ensemble en avant-première le 20 août 2016 à San Giuseppe Jato (Palermo), le spectacle «L’île mystérieuse» sera présenté pour la première fois en Algérie durant ce 18e Festival culturel européen.

Sur une musique de Salim Dada (guitare, kwitra, voix) et Calogero Giallanza (flûtes), le Shulùq Ensemble verra aussi la participation de Filippo Luna (narration et mise en scène) et Simone Pulvano (percussions). Ce festival est à coup sûr d’un grand intérêt. Mais pourquoi limiter Béjaïa à ces deux seules représentations ? S’agit-il d’une présence formelle ou bien essaiera-t-on véritablement de construire des ponts entre les cultures algérienne et européenne ?

N. Si Yani

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