Bien que la guerre soit constituée de nombreuses batailles, il en est que l’on ne peut oublier, de par les atrocités subies par les populations.
Le village d’Aït Sidi Ahmed, à Aïn El Hammam, première agglomération kabyle à être bombardée au napalm, en porte toujours les stigmates. Les jeunes enfants d’alors, aujourd’hui adultes, et certains vieux encore vivants n’ont pas oublié ce qu’ils ont connu le 14 mai 1957, où ils furent contraints d’abandonner, la mort dans l’âme, leurs maisons et terres.
Ce n’est qu’à l’indépendance de l’Algérie que quelques «réfugiés» se mirent à reconstruire leurs maisons détruites, entre-temps, par un bombardement intensif. Éloigné des grands centres et difficile d’accès pour y acheminer l’eau et l’électricité, le bourg d’Aït Sidi Ahmed fut alors abandonné par ses quelques habitants qui bénéficièrent de lots de terrains, pour ériger un nouveau village au lieudit Tawrarine.
Cependant, les habitants ne ratent jamais le 14 mai de chaque année, pour se rendre au hameau de leurs ancêtres, où ils ont érigé un monument en hommage à leurs martyrs. C’est là en effet, que 17 des meilleurs enfants du village sont tombés sous les balles des soldats de l’armée française lors d’une des plus grandes bataille qu’ait connue la région, en mai 57. C’est ce jour là également, que seront tués Si Moh Akli, le chef de section, aux côtés du commissaire politique si Meziane et ses deux frères.
L’accrochage avec les troupes de l’ennemi a été vite suivi du bombardement au napalm. Malgré des moyens disproportionnés entre les deux belligérants, le colonisateur laissa sur place de plusieurs dizaines de morts dont un capitaine, qu’il ne put évacuer que grâce à l’intervention des hélicoptères.
Dès le lendemain, les villageois ont été contraints de quitter leurs maisons pour s‘installer chez des amis, ou des parents ou tout simplement chez des citoyens dont la solidarité en ce temps de guerre n’avait d’égal que leur volonté de vaincre l’ennemi et de le voir quitter le pays. Il y a quelques jours, à l’occasion de ce triste anniversaire, les villageois se sont rendus au monument des martyrs pour y déposer une gerbe de fleurs et réciter la fatiha. Ils ont ensuite offert une waada à laquelle prirent part les habitants du village et des invités des villages voisins.
«C’est là qu’une des plus sanglantes pages de l’Histoire de l’Algérie a été écrite par de valeureux moudjahidine», dit Hamid Ould Hadj, un fils de chahid.
A. O. T.

