«C’est la saison la plus cauchemardesque de ma carrière»

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Le coach de l’ES Draâ El-Mizan, Rachid Sahraoui, parle de la saison sportive, de son équipe et de son avenir.

La Dépêche de Kabylie : Tout d’abord, quel est votre sentiment après le baisser de rideau?

Rachid Sahraoui : Ouf ! Je peux respirer. C’est la saison durant laquelle j’ai le plus souffert durant ma carrière. Elle est cauchemardesque. Ceci étant, Dieu merci, nous avons réalisé l’objectif fixé par les dirigeants, à savoir le maintien. Nous occupons la 7e place au classement général, derrière l’ES Timezrit qui totalise 43 points.

Vous avez poussé un ouf de soulagement. Pourquoi ?

Tout d’abord, je vous rappellerai que j’ai pris ce poste à la 8e journée suite au départ du staff technique du club qui, reconnaissons-le, avait fait un bon début de saison. L’équipe était aux commandes. On pouvait même jouer l’accession. Mais le virage a été mal négocié après la défaite à domicile face à l’USM Béjaïa. Depuis, il fallait mener un grand combat sur tous les plans.

C’est-à-dire ?

La situation allait de mal en pis, car le club traversait des moments très difficiles. Les joueurs ont observé une grève de 23 jours. C’était une démobilisation totale. Même si je me retrouvais parfois avec six joueurs à l’entraînement, je n’ai pas courbé l’échine parce que je devais respecter mes engagements.

Vous évoquez tant de difficultés. Pouvez-vous nous en citer quelques-unes ?

En plus du manque de moyens, je dénonce les responsables qui ont laissé l’anarchie gagner le stade. Aux entraînements, c’était un véritable calvaire… Est-ce normal de préparer des matches capitaux dans un stade envahi par des dizaines de personnes qui n’ont rien à voir avec les entraînements ? Aussi, y a-t-il encore un stade qui manque d’éclairage ? On a souffert, car on était contraints de faire des entraînements après dix-sept heures, la plupart de nos joueurs étant des étudiants.

Vous sous-entendez avoir subi beaucoup de pression. Est-ce le cas ?

Evidemment, le manque de moyens et l’absence des dirigeants ont compliqué ma mission. Quant aux moyens financiers, ils étaient quasiment inexistants. Le CSA perdait beaucoup d’argent pour rien. Tous les entraîneurs des petites catégories n’avaient pas de diplômes, si bien que le club devait payer 10 000 dinars pour chaque match joué en guise d’amende. Quelque 72 millions de centimes ont été jetés par la fenêtre. En tout cas, la situation n’est pas reluisante, sachant qu’il n’y a pas de subventions financières. Se maintenir dans cette division a été un miracle. Il ne faut pas se leurrer. Il faut tout revoir.

On vous laisse le soin de conclure…

Ecoutez, je suis très content d’avoir contribué de manière responsable à maintenir l’équipe dans ce groupe, bien que j’aie perdu beaucoup. Je vous confierai que j’ai même raté une formation pour devenir entraîneur de clubs évoluant en Ligue 1 parce que je ne voulais pas m’absenter, car le club risquait de perdre beaucoup d’argent en amendes.

Entretien réalisé par Amar Ouramdane

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