Pas d’engouement !

Partager

La loi portant la mise en conformité des constructions et leur achèvement ne semble nullement susciter de l’engouement dans les zones rurales de la wilaya de Tizi-Ouzou.

Il n y a qu’à se fier à cet insignifiant taux de demandeurs de permis de construire à titre de régularisation, particulièrement au niveau des communes montagneuses. C’est d’ailleurs l’une des raisons ayant poussé les pouvoirs publics à prolonger son effet. A titre d’exemple, seules quelques dizaines de dossiers ont été déposés au niveau de la commune de Maatkas depuis la promulgation de cette loi et jusque-là une bonne partie de constructions illicites ont été régularisées. À noter que la plupart des habitations rurales sont «déclarées» illicites, et sont considérées en tant que telles, les constructions érigées sans permis de construire, y compris les vieilles maisons. La loi N°08-15 promulguée le 20/07/2008 fixant les modalités de mise en conformité est si complexe, bureaucratique et onéreuse pour bon nombre de ménages qu’ils ne veulent point en entendre parler «j’ai construit ma maison avec mon argent et sur mes terres, qu’on me laisse en paix avec cette histoire de régularisation qui va me couter pas moins de 50 000 dinars, pas question de les dépenser car cette somme est une fortune pour moi !» dira fort un paysan père de famille qui apparemment se moque bien des pénalités éventuelles, «je ne paierai aucun sou!» a-t-il rajouté avec un brin de colère. Il est vrai que la procédure nécessite des plans architecturaux, des expertises en génie-civil, des plans de masse…de quoi dissuader d’innombrables ménages qui, quelquefois déjà trouvent toutes les peines du monde à boucler leurs fins de mois. Interrogé à ce sujet, un fonctionnaire d’une autre commune montagneuse qui a voulu garder l’anonymat dira en substance «c’est vrai que la loi 08/15 n’a pas suscité l’effet escompté ici en zone rurale, mais cela marche très bien, en revanche, dans le milieu urbain, ce sont surtout ceux qui ont accaparé de vagues parcelles de terrain et qui ont construit illicitement qui ont besoin de cette loi pour se régulariser !». En somme, pour l’heure il n’y a pas beaucoup d’engouement de la part des ménages pour cette loi nonobstant le travail de sensibilisation et de vulgarisation qui a été mené. Aussi, même l’opération de recensement des constructions dites illicites n’a touché qu’une infime partie de ces communes rurales dés lors que seules les agglomérations du chef-lieu et quelques villages limitrophes ont été visités par les fonctionnaires municipaux. Si l’on se réfère à la réglementation en vigueur régissant l’urbanisme et la construction, la quasi-totalité des habitations en milieu rural est illicite, et il est fort à parier que les ménages n’iront pas se bousculer aux portes des communes pour se «régulariser».

C. A.

Partager