Ici, on consomme le «frik» local…

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Ces dernières années, la chorba confectionnée avec des vermicelles n’a plus la cote. Elle est supplantée par celle élaborée avec le «Frik» (de l’orge ou du blé finement concassé).

À M’Kira, les villageois ne consomment que du «Frik, local en plus». «Chez nous, aussi bien nos parents que nos ancêtres consommaient beaucoup ce plat qu’on appelle «Frik», et qui est devenu presque inabordable pour les ménages, puisque son prix atteint les 500 Dinars le kilogramme, alors qu’il était plutôt connu comme le repas des pauvres. On l’appelle chez nous «Iwzane barkoul», et il n’exige presque rien pour le cuisiner. Le plat est fait en un tour de main puisqu’il ne nécessite qu’une petite sauce avec une ou deux pommes de terre», confie Aami Amar, du village de Bouhadj. Il ajoute que «depuis le début des années soixante dix, les villageois de M’Kira ont complètement délaissé la culture des céréales, parce que l’état a inondé les commerces de semoule extra d’importation, dont les prix sont subventionnés, de ce fait, nul besoin de se fatiguer pour labourer, ensemencer et battre ces céréales», et d’ajouter : «Vous savez, la politique prônée durant la période de feu Houari Boumediene et après, avait poussé les gens à délaisser l’agriculture, préférant se rendre au marché. Et le résultat maintenant, est évidemment la hausse de tous les prix des produits. Quant à ce «Frik», qui s’arrache à raison de 500 Dinars le kg (de moindre qualité à 300 DA), sa confection est assez difficile et elle n’est maîtrisée que par les vieilles femmes. Les jeunes filles d’aujourd’hui ne font aucun effort pour apprendre», assène-t-il encore. En effet, pour avoir un bon «Frik» ou «Iwzane», le villageois doit, au mois d’octobre, semer un peu de blé ou d’orge dont les épis seront récoltés, à maturité mais encore verts. «Lorsqu’on a coupé juste les épis de blé ou d’orge, sans la tige, il faut, après, séparer les grains qu’on met ensuite dans un couscoussier comme pour préparer du couscous, puis les laisser sécher avant de les moudre, et on obtient ce précieux Frik», termine, enjoué Aami Amar, comme pour dire que ce n’est pourtant pas sorcier.

Essaid Mouas.

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