La ville de Béjaia a une topographie particulière, rendant son aménagement et sa modernisation relativement difficiles. A moins qu’on ait de l’imagination et du courage.
La ville se situe sur une baie particulièrement profonde, un golfe stratégique, avec une ville construite à flanc de montagne débordant sur la plaine et le littoral et se prolongeant le long d’un fleuve encore mal géré. C’est aussi une ville relais permettant de relier les villes de l’Est, comme Jijel et Sétif, à celles se situant à l’ouest, comme Tizi-Ouzou et Boumerdès. Heureusement, le réseau autoroutier à permis de contourner cette route, pour relier ces villes sans obligatoirement passer par Béjaïa. Ce qui, paradoxalement, renforce l’enclavement de l’ancienne capitale des Hammadides. Actuellement, Béjaia et sa région comptent pour l’une des régions les plus dynamiques sur le plan économique. Avec le premier port en Algérie, en termes de volume de marchandises qui y transite, un port pétrolier, le premier à avoir été réalisé dans les années cinquante et consacré aux hydrocarbures, un aéroport international, une gare ferroviaire et un réseau routier d’une grande densité, la ville rencontre de grands problèmes dans sa gestion et peine à trouver une porte de sortie, pour en finir avec l’étouffement dont elle souffre. On compte environ mille quatre-cents camions à semi-remorques d’une capacité supérieure à deux tonnes et demie qui traversent la ville chaque jour. Sans compter ceux à tonnage moins important. Les gros tonnages peuvent être aisément vus au carrefour des quatre chemins, de Bir Slam et le long de la route d’Iheddaden, c’est-à-dire en pleine ville, menant vers la côte ouest de Béjaia. D’ailleurs, le carrefour d’Aamriw souffre souvent d’étranglement à cause de la présence de ces gros tonnages qui empruntent la route de Tala Oueriane (RN24). Cette situation crée beaucoup de pollution atmosphérique et sonore, en plus du danger que les camions font planer en traversant des zones urbaines peuplées, notamment d’enfants.
La solution dans le PDAU ?
Pourtant, cette situation a été prévue dans le PDAU intercommunal de 2007, déjà réalisé par un bureau d’études. Il avait prévu un plan global de réaménagement de sept communes : Béjaïa, Tichy, Boukhelifa, Tala Hamza, Oued Ghir, El Kseur et Toudja. Dans cette perspective, l’étude a préconisé de grands aménagements du réseau routier, pour relier les différentes routes nationales qui entourent la ville de Béjaïa. Cette solution permettrait d’éviter et de contourner cette ville et faciliterait la fluidité de la circulation. Actuellement, Béjaïa est une sorte de cul-de-sac, un passage obligé pour toutes sortes de véhicules, sans porte de sortie réelle, et la ville n’a plus les capacités de gérer tout ce flux. Il faut aussi noter que cette ville de 200.000 habitants passe à 400 000 chaque jour, compte tenu des personnes qui viennent au quotidien pour y travailler ou se rendre dans les différentes administrations. La capacité d’accueil de la ville est arrivée à saturation et il devient impératif d’agir. Cette situation devrait donc être l’un des enjeux des prochaines élections locales, et les nouveaux élus, forts de l’appui de l’Etat, devront prendre les bonnes décisions, dont celle de mettre en œuvre le PDAU consacré par un arrêté interministériel. Béjaïa ne peut plus continuer comme ça, surtout qu’elle est caractérisée par un grand dynamisme dans tous les domaines : économique, social, culturel et politique… Verra-t-on une ouverture dans les prochains mois ? C’est à cette question que devront, entre autres, répondre les candidats au suffrage universel de Novembre prochain. Le rafistolage et le replâtrage ne conviennent pas dans cette situation. Il faudra une nouvelle vision, une volonté politique portant un vrai projet pour l’avenir, soutenue par la population et un grand effort d’investissement. Comme toutes les villes du monde, l’image de Béjaïa devra impérativement évoluer et s’adapter à la nouvelle donne socio-économique et civilisationnelle. Tout en gardant son cachet particulier et en préservant ses acquis historiques, notamment dans la vieille ville, il n’est pas interdit de passer à l’étape de la modernisation et pourquoi pas, de l’anticipation de l’avenir. L’état actuel de la ville est lamentable.
N. Si Yani