Des veillées moroses

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Dix jours après le début du mois de Ramadhan, c'est toujours un calme plat. Pour le moment, aucun programme d'animation artistique, culturelle ou théâtrale n'est affiché.

Si par le passé, l’association Assirem, des arts cinématographiques organisait des spectacles à la salle de cinéma « El Maghreb », pour ce mois, elle n’a encore rien dévoilé. «Il n’y a pas d’argent. Peut être, il y aura un seul spectacle», répond un membre de son bureau approché à ce sujet. Même en ce qui concerne les veillées, celles-ci s’arrêtent tout juste après les prières de Tarawih. «Vraiment, on recule de plus en plus. Durant les années 70 et 80, la ville ne dormait pas. Aujourd’hui, c’est malheureux de voir que tout est fermé à partir de 23 heures. Les villages sont plus animés», constatera un jeune, attablé sur la terrasse d’un café avec ses camarades. Par contre, dans tous les coins même les plus sombres, on peut voir ces internautes accrochés à leurs Smartphones en train de surfer sur les réseaux sociaux. «Maintenant, grâce à ces nouvelles technologies, vous avez le monde entre vos mains en un clic», dira un jeune lycéen qui venait juste de sortir d’un garage où il avait suivi des cours de soutien. En revanche, les personnes âgées sont nostalgiques de la « belle époque ». «Durant toute l’année, des groupes de chanteurs venaient au cinéma. Il y avait aussi trois projections de films par jour. C’était la belle époque. Aujourd’hui, il n’y a rien de cela. La salle de cinéma est fermée. La salle des fêtes communale a changé de vocation. Nos jeunes n’ont pas cette chance de regarder un film dans une salle. La culture régresse de plus en plus dans nos villes. Peut-on trouver une salle où se présentent des pièces théâtrales?», interroge ce sexagénaire, qui garde de bons souvenirs des années passées au collège Krim Rabah et au lycée Ali Mellah. «Nous faisions de l’école buissonnière pour regarder un film hindou. Je me rappelle pratiquement de tous leurs titres. Et celui que je garde toujours est « Djanitou ». Quel Algérien de l’époque ne souvient pas de ce jeune acteur?», se remémorera notre interlocuteur. Nombreux sont les citadins qui gardent en mémoire aussi le passage du cirque dans la ville. «C’était fabuleux pour nous, enfants de la campagne de voir le lion, le tigre et bien d’autres surprises. Même avec peu de moyens, on se permettait certaines petits caprices», notera-t-il. Les nostalgiques souhaitent que leurs enfants vivent à leur tour des moments comme ceux qu’ils viennent d’évoquer, parce qu’ils considèrent que seuls les bons souvenirs comptent dans cette vie. «Nous espérons que les responsables locaux et les gens de la culture pensent à s’occuper davantage de ce volet», conclura un de nos interlocuteurs.

Amar Ouramdane

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