Les télés privées ou les «boîtes» de Pandore

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S. Ait Hamouda

Une chaîne de télévision, privée de surcroît, se doit de se respecter de prime abord et de respecter le téléspectateur en second lieu. Un organe d’information, un média lourd, un vecteur multiculturel, il est attendu de lui des productions de haute facture et si par un sombre hasard ce n’est pas le cas, du moins le professionnalisme doit primer. Il ne peut être certain que l’on puisse faire des œuvres de talent, sans l’illustration du peu de cas qu’on fait de la profession. Vaille que vaille, une TV, qu’elle soit publique ou privée, est attendue non pas pour faire du prêchi prêcha, elle n’a pas un rôle d’imam, ni de prosélyte, ni de sermonneur. Elle a à occuper le temps, l’espace du téléspectateur par des programmes intéressants, attrayants et non à le transformer, à son corps défendant, en voyeur. Chose dont il n’a pas besoin du petit écran pour s’acquitter. “La télévision privée se préoccupe d’abord du marché économique. La télévision publique se préoccupe quant à elle avant tout de la vie démocratique”, disait Marc Tessier dans «les Dossiers de l’audiovisuel». Mais il se trouve que chez nous, nos télévisions privées, elles ne se préoccupent même pas de l’économique. Elles ont le souci de l’argent mais pas plus loin. Elles se préoccupent avant tout de la vie privée des gens, elle l’a commente jusqu’à l’indicible, jusqu’à l’intolérable. C’est un peu le cas de l’ensemble de nos TV privées, elles ne peuvent raisonnablement raisonner sans faire dans l’anathème, sans médire, avec une portion de professionnalisme qui laisse pantois. Elle énerve les gens calmes, ou prétendus tels, on l’a vu avec Boudjedra ; elle leur fait perdre leur sang froid. Mais pouvons-nous espérer un petit écran plus généreux, plus talentueux, plus respectueux sans professionnels ? Sûrement pas. Parce que le rapport entre le public et sa télévision est empreint du syndrome de Stockholm. Celui qui regarde la télévision s’éprend de sa boite… de Pandore, tel quelqu’un, pris en otage, de son ravisseur.

S. A. H.

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