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Le chantier du pont à l’arrêt, faute d’argent

Alors que lors de la visite du wali dans la daïra de Souk El Tenine, le premier responsable de l’entreprise GESITP (ex-GENISIDER) avait promis la mise en service du nouveau pont de Tizi El Oued, reliant la RN9 à la RN43, avant la fin du mois de novembre de l’année en cours, voilà que d’énormes retards sont enregistrés.

Après une grève de protestation d’une journée et l’arrêt des travaux, désormais sur le chantier, le nombre insignifiant du personnel pour un aussi important chantier laisse deviner qu’il y a un relâchement. Seuls les agents chargés du ferraillage paraissent à pied d’œuvre, alors que les autres tâches semblent délaissées. En traversant le chantier pour arriver aux baraques servant de bureaux pour l’administration, quelque agents dirent qu’ils se sentent menacés de licenciement, «d’autant qu’on n’a pas perçu notre paie depuis belle lurette», déplorent-ils. Au niveau de l’administration, le directeur des grands travaux a tenu à apporter quelques éclaircissements. De prime abord, il a reconnu qu’il y a, effectivement, un retard dû à un problème financier. Étant une entreprise économique, GESITP n’arrive plus à supporter les frais de réalisation du projet, alors que le maître de l’ouvrage ne s’est pas acquitté de ses dettes. Selon notre interlocuteur, les situations financières «sont bloquées au niveau du trésor au motif qu’il n y aurait pas de liquidités». Son collègue intervient pour préciser que leur entreprise détient, au niveau de la wilaya de Béjaïa, des créances avoisinant la cinquantaine de milliers de centimes. Ceci pénalise grandement l’entreprise de réalisation qui ne parvient même pas à s’approvisionner en béton auprès de la société Lafarge, laquelle refuse de vendre à tempérament du fait que la première dette de 600 millions de centimes n’a pas encore été apurée, fait savoir ledit responsable. «En outre, l’entreprise n’a pas payé son personnel depuis plus de deux mois», reconnaîtra également le même directeur qui mettra le débrayage d’une journée des ouvriers sur le compte de ce problème financier. Voulant éviter de laisser le personnel se présenter au chantier alors qu’il n y a pas d’argent pour acheter des matériaux de construction, l’entreprise a voulu le mettre en congé annuel, ce à quoi les ouvriers ont répondu par une journée de grève, pour protester contre ce «congé forcé». Le lendemain, ils se sont présentés au chantier, dira le responsable de GESITP. Une reprise sans aucun rendement par manque de matériaux néanmoins. La reprise du chantier et son achèvement sont conditionnés par l’amélioration de la situation financière, soulignera notre interlocuteur. D’ailleurs, pour celui-ci, la confection du ferraillage des pieux, leur coffrage et tout un tas d’autres tâches sont achevés. Il ne reste que l’argent pour reprendre et rattraper le retard. Notre interlocuteur, appuyé par un jeune ingénieur qui semble être son assistant, avança, sans donner une date fixe, que «ce retard de moins d’un mois peut être rattrapé en quelques jours en travaillant même les weekend». Entre-temps, les commerçants et les habitants riverains, c’est-à-dire ceux du gros village de Tizi El Oued, s’inquiètent, d’autant plus que la saison estivale avance à grands pas. «Dès le départ du wali après sa visite au chantier, tout le gros matériel a été démonté et le chantier s’est arrêté. C’était du tape-à-l’œil, sinon, apparemment, ce chantier durera encore longtemps», fera remarquer Mustapha, un habitant de la localité rencontré à proximité du chantier. En somme, l’entreprise réalisatrice veut être payée pour relancer le chantier alors que la population, de son côté, veut le voir achevé dans les meilleurs délais, mais le manque de finances en a décidé autrement.

A Gana.

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