En hommage au défunt Cheikh Ladjouz

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Le Fort Moussa à Béjaïa a accueilli, avant-hier, la cérémonie d’ouverture de la 4e édition du Festival local de la musique andalouse, appelé «Les Nuits Andalousiennes de Béjaïa».

C’est l’association culturelle «Naghma» qui est à l’origine de ce festival. Ses organisateurs, à leur tête Mouloud Isadoudène, ont décidé de dédier cette édition au défunt instrumentaliste de talent Chikh Mohamed Cherif Ladjouz, dit Cherif Hamza. Né en 1904 à Bab Ellouz, dans l’ancienne ville de Béjaïa, il avait appris la musique auprès de son oncle, Mahmoud Haddad, un autre maître du chant andalou. Aami Cherif Hamza, comme on l’appelait, avait appris des qassidate traditionnelles dont certaines dataient du 10e siècle. C’est en 1916 que le jeune Cherif Hamza donna son premier récital, en compagnie de ses cousins Baba Aissa, les Mahindad et les Chebbab. Quelques années plus tard, il rencontra, à Lyon, El Hadj Larbi Bensari et son fils Redounane. Puis, l’année suivante, il rencontrera à Fès, au Maroc, le Tlemcénien El Yaho Bensaid. Ces rencontres ont eu beaucoup d’impact sur la vie artistique du futur maître de la chanson andalouse. Mais elles n’ont pas été les seules. Lors de ses pérégrinations, Aami Cherif Hamza a rencontré de grands artistes, tels Boualem Bouzouzou, le fameux auteur de «Ya bellaredj», Said Bouzeraa, les frères Allel, cheikh Braham, ainsi que de nombreux poètes dont El Kadi Messaoudène, Si Lakhdar, Mohamed Bachtarzi, et bien d’autres, versés dans le «Chiâr El Malhoune». Il a aussi côtoyé Mohamed Ben Teffahi, le fondateur des Fekhardjia. En 1934, il regagna sa ville natale de Béjaïa où il créa une école de musique, El Khaldounia, qu’il anima quatre années durant. Puis, il en créa une deuxième appelée «Echabab El Fenni» où il activait comme professeur de musique, sous la présidence de Hamou Terki. A cette époque, Cheikh Saddek Lebdjaoui était encore à El Mousselia à Alger. Mais dès son retour à Béjaïa, il anima aux côtés de Aami Cherif Hamza de nombreux galas musicaux, des soirées de mariages, etc. Ils étaient demandés dans toutes les villes d’Algérie, comme Constantine et Tlemcen. Durant la guerre de libération nationale, Ammi Cherif a perdu un de ses fils, lieutenant sous le commandement d’Amirouche.

Au programme de la cérémonie…

Il consacra ensuite sa vie à jouer dans l’orchestre de Cheikh Saddek Lebdjaoui, jusqu’à son décès accidentel en 1997. A l’ouverture de cette quatrième édition du Festival, un film documentaire réalisé par Kamel Benmessaoud a été projeté sur grand écran devant le public. Il retrace la vie du maître avec le témoignage d’une douzaine de membres de sa famille. Le public a été nombreux lors de cette soirée d’ouverture. Beaucoup de familles ont fait le déplacement. Dans une organisation impeccable, les hôtesses vêtues de costumes traditionnels andalous et mauresques accueillaient les invités et les conduisaient à leurs places. La décoration aussi était à la hauteur de l’événement, et les éclairages bien choisis, mettant en valeur la beauté du site de Bordj Moussa. Dans le public, on pouvait entrevoir de nombreuses personnalités du monde de la musique, ainsi que quelques officiels qui ont rehaussé l’événement de leur présence. Les jeunes de l’association Neghma se sont vraiment illustrés, faisant de cet événement un vrai rendez-vous prisé par les familles bougiotes. Dans le programme de cette année, Mouloud Issadoudène nous a expliqué les principes qui ont guidé le choix des organisateurs de cette édition. Ils ont ainsi décidé de donner une bonne place aux musiciens et orchestres locaux, pour leur donner l’opportunité de se produire devant leur public. Seule l’Association Ahbab Saddek lebdjaoui a décliné l’invitation, pour la simple raison que beaucoup de ses musiciens jeunes étudiants, étaient pris dans les examens de fin d’année. Il y a aussi dans le programme des chanteurs et musiciens venus d’autres régions d’Algérie, le festival étant ouvert à tous. On peut citer donc dans ce programme qui s’étalera sur cinq jours, l’Orchestre du Conservatoire Communal de Béjaïa qui a fait l’ouverture de ce Festival. Il y a aussi l’orchestre Mohamed Rais, l’Association Menzah Anabil Et Djazair, l’Association Naceria de Béjaïa, celle de Naghma, les chanteuses Nawel Iloul, Hania Bakhti et Lila Borsali, l’Association des Beaux-arts d’Alger, sous la conduite d’El Hadi Boukoura et le chanteur Maalouf Abbas Righi. A noter enfin, que cette édition n’aurait pas pu se faire sans le parrainage du wali de Béjaïa et l’aide de l’APC de la ville de Béjaïa et le comité des fêtes de celle-ci.

N Si Yani.

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