La victoire de Matoub sur la mort et sur ses assassins

Partager

Par Hacène Hirèche

Voilà 19 ans que la terrible nouvelle vint terrasser tous les Kabyles et toutes celles et ceux pour qui le chant, la musique sont un art de fraternité, un art de vivre. 19 ans de mensonges, de manipulations et de duplicité qui ont empêché que la vérité éclate au grand jour pour démasquer des tueurs monstrueux, des commanditaires odieux. Aujourd’hui, jour de fête, l’hommage doit continuer de lui être rendu. Avoir une pensée forte pour les trois femmes meurtries que cet événement a propulsées, malgré elles, au-devant de la scène médiatique, politique et judiciaire : Nna Aldjia, Nadia et Malika qui méritent respect et considération. Avoir aussi une pensée à tous ses fans, toutes celles et tous ceux qui ont à cœur son combat. L’apport de Lounès Matoub à la résistance amazighe contre l’oppression est considérable. La portée de son action a dépassé toutes les frontières et c’est pourquoi il a eu des ennemis, des hommes qui se nourrissent de clichés, de haine et d’acharnement. Ils voyaient en lui un frein à leurs funestes desseins alors que lui ne réclamaient que les droits de son peuple. Il avait une force, une énergie et un esprit de sacrifice et de révolte qui ont fait de lui un guide pour la jeunesse kabyle. À cette jeunesse, il lui parlait dans sa langue tant du point de vue du verbe que du point de vue du rythme et du ton. Ses messages sont reçus cinq sur cinq par une partie de la société et par la jeunesse qu’il drainait derrière lui. Il a insufflé un germe d’insoumission qui, très probablement, a conduit au Printemps Noir dont l’étincelle est partie de chez lui (At Dwala) avec l’assassinat du jeune et brillant Massinissa Guermah par des gendarmes visiblement non inquiétés par la justice depuis ! Aujourd’hui, 19 ans après son élimination physique, le chant de Matoub Lounès est devenu le lieu de l’explosion, de la révolte, du refus et propose un univers délivré des peurs génératrices de lâchetés. Il cultive l’audace. Même happé par la mort, Matoub resurgit plus vivant que jamais. Aujourd’hui, il vit dans tous les lieux qui lui étaient familiers. Quand ses fans choisissent ses chants dans les cafés, les minibus, les manifs, c’est pour eux un choix des armes. C’est la façon à eux de poursuivre le combat. C’est en cela que se situe la victoire de Matoub sur la mort et sur ses assassins. Alors hommage à Lounès Matoub et honneur à Nna Aldjia, Nadia et Malika !

H. H.

Partager