Elle est restée fidèle à ses coutumes et à ses traditions. Elle ne trouve de rimes à ses textes que lorsqu’ elle sent venir El gualal, el ghéita et el jouk pour assouvir sa voix de blues. Elle refuse de mettre ses principes en otage et corrompre un art plusieurs fois millénaire pour franchir les portes d’un monde nouveau qu’on appelle, aujourd’hui, le monde robotique ou du « show biz ». Un monde qui impose une politique gouvernée par des technologies les plus sophistiquées. Et pourtant, l’histoire de cette femme est ancrée dans le livre du patrimoine culturel mondial. D’une époque à une autre, la panthère dépasse, à chaque fois, des stars et figures emblématiques à l’échelle universelle, où son nom couronne la cour des grands. Elle a chanté dans les années de Frank Sinatra, Edith Piaf, Henri Salvador, George Brassens, Cesaria Evora, Sheila, Rita Marley, Madonna, et bien d’autres. La grande dame du chant oranais continue à se produire sur la scène, dont elle fait son credo, aussi divinement, comme nous a-t-elle toujours habitués. A Plus de 85 ans, Cheikha Rimitti de son vrai nom Saadia Bediaf, demeure la femme la plus en vogue du chant oranais. Un style où l’on puise ses notes pour enrichir des compositions musicales d’autres genres. Rimitti le sauvegarde, justement, pour garantir un héritage culturel sûr et éternel aux générations futures. La Chikha du raï connait actuellement un grand succès avec le nouvel album Goudami, réalisé en France, à la fin 2005, avec lequel Rimitti est appelée à donner d’importants concerts à travers le monde. L’album contient 10 titres : Goudami, Charakt, Guendouz, Marhab, Daouni, Matahagrouhach, Jani, Dabri, Awlidi et enfin Ki Jani. Goudami est sorti en Algérie dans la même période que la sortie de l’original.Dès son apparition sur le marché français, il a tout de suite était repris et réédité par la maison d’édition algérienne, Dounia. Alors que la diva du raï fait ravage dans le monde, son produit passe presque inaperçu dans son pays natal. Rimitti, ce joyau ancien et éternel reste brillant et orne l’art algérien dans le monde, encore plus admirablement que jamais, même s’il est sauvegardé loin de sa terre.
Fazila Boulahbal
