Plus de quarante personnes ont procédé, hier dimanche, à la fermeture de la mairie de Bouzeguène, pour protester contre le non-renouvellement et la résiliation de leurs contrats, «après des années de sacrifices dans différents établissements étatiques». «Non à l’injustice», «14 ans de sacrifices, et on en ressort les mains vides !», «On ne veut pas créer de l’anarchie, on demande seulement nos droit », étaient, entre autres, les slogans portés sur les banderoles brandies par les protestataires. Parmi ces derniers, l’on trouve des cas sociaux de femmes et de jeunes qui diront avoir choisi cette action, comme dernier recours pour se faire entendre et revendiquer «le droit au renouvellement des contrats». «Je suis une mère de 10 enfants, leur père est atteint de troubles mentaux. J’ai été contrainte de travailler comme femme de ménage dans le cadre du filet social en 2000 avec un salaire qui ne dépassait pas les 2 270 DA. Depuis, j’essayais, tant bien que mal, de subvenir aux besoins de mes petits, tout en sachant que ces derniers risquent de finir délinquants, s’ils ne sont pas nourris convenablement et scolarisés. Mais il y a trois ans de cela, la mairie a résilié mon contrat. Depuis lors, je mendie, mais je ne désespère pas de voir ma situation professionnelle se régulariser, pour aspirer à vivre dignement, sachant que j’ai accumulé des factures d’eau et d’électricité à hauteur de 15 000 DA. Comment pourrais-je m’acquitter d’une telle somme sans ressources financières?», déplore une quinquagénaire qui ajoute que les services de la SDC menacent de lui couper l’eau et l’AEP. Et à une autre de renchérir : «Après que mon mari s’est éteint, j’ai été recrutée par le service de l’état civil de la mairie de Bouzeguène, c’était en 2001. Après 10 années de service, je n’ai eu droit à aucun congé, car on nous a fait croire que ceux qui travaillent dans le cadre du filet social, tous dispositifs confondus, s’y ont pas droit (…) Aujourd’hui, on le dit haut et fort : on en a ras-le-bol ! Qu’ils regardent un peu vers notre direction. Pourquoi les victimes de l’austérité doivent être nous, les pauvres, au lieu des fonctionnaires touchant des millions? (…) ». De son côté, le maire de Bouzeguène juge l’action ‘’légitime’’ : «Je soutiens totalement ces personnes. Je sais que c’est injuste de sortir les mains vides après des années de service. En mettant fin à leurs fonctions, on se retrouve, aussi, confrontés à un manque d’effectif. Nous souhaitons trouver une solution dans les plus brefs délais, pour régulariser leurs situations respectives, ou, au moins, renouveler leurs contrats. D’ailleurs, je viens de recevoir un document faisant état de la décision de renouvellement des contrats des travailleurs remerciés en juin 2017. Ils seront reconduits jusqu’au 31 décembre de la même année et cela concerne les agents de l’hygiène et les travailleurs de cantines au niveau des établissements scolaires de la région». À noter que les protestataires projettent de bloquer la mairie de Bouzeguène pendant deux autres journées, soit aujourd’hui et demain mardi. À souligner, dans ce sillage, que Bouzeguène est une daïra qui manque atrocement de projets de développement et d’usines à même d’absorber un taux de chômage galopant. Les jeunes comptent, sur les dispositifs du filet social et du pré-emploi, pour dénicher un travail.
Fatima Ameziane
