Les contractuels des quatre communes de Bouzeguène, en majorité des femmes, ont décidé de durcir le ton de leur protestation. Ils ont procédé, hier (dimanche), à la fermeture du siège de la daïra.
Ils protestent non seulement contre le non-renouvellement de leurs contrats mais aussi pour exiger leur régularisation définitive à leurs postes. Ainsi, après avoir mis fin à la fermeture des APC, les protestataires ont opté pour le blocage de la daïra. Ces derniers (des femmes dans leur majorité), ont cadenassé le portail de la structure dès les premières heures de la journée, soit aux environs de 7 heures. Elles ont été, néanmoins, surprises par la police qui a réagi en procédant, de force, à l’ouverture du portail vers la mi-matinée. Cependant, les contractuels n’ont pas laissé les employés rentrer pour rejoindre leurs bureaux et à ce moment-là la majorité était déjà repartie chez elle. «C’est la solution provisoire qu’on nous a proposés qui nous a poussé à mener cette action. Nous n’accepterons pas cette injustice. J’ai 60 ans, j’ai travaillé pendant 20 ans dans le cadre du filet social, n’ai-je pas droit à un salaire digne et à une retraite pour pouvoir vivre dignement ? Nous vivons dans la misère. Quand le pétrole était en hausse, on en n’a jamais bénéficié et là qu’il est en baisse, on doit être les seules victimes. Pourquoi nous faire détester notre Algérie ?» déplore une fonctionnaire d’Illoula Oumalou. Pour rappel, ces femmes, qui occupent différents postes dans différents secteurs (Mairies, cantines scolaires…) depuis 8 à 17 ans, ont été recrutées dans le cadre d’un dispositif du filet social. Rémunérées entre 5 000 et 6 000 DA par mois, elles disent avoir assumé «des tâches pénibles dans des conditions socioprofessionnelles difficiles». Hier, devant le portail de la daïra, elles réclamaient des postes avec des contrats à durée indéterminée et un salaire digne. «J’ai travaillé durement pendant 17 ans. On nous a promis notre intégration, mais ce n’était que de la poudre aux yeux. Je suis restée et j’ai continué à travailler avec ce salaire de misère juste pour subvenir aux besoins de ma famille», dira une femme qui a 5 enfants à charge. Toutes les autres femmes sont également issues de familles démunies, ayant à charge plusieurs enfants. Elles disaient être déterminées à «aller jusqu’au bout et maintenir la pression jusqu’à satisfaction de leur revendication», qu’elles estiment «un droit légitime». «J’ai été victime d’un accident de travail à la mairie d’Illoula et si ce n’était pas une collègue, mes enfants seraient déjà orphelins. Aucune couverture sociale, quand j’ai demandé, on m’a répondu sans gêne que c’est une aumône qu’on vous donne alors que je dois travailler toute la journée au même titre que les titulaires qui jouissent de tous les avantages», assène cette autre. D’autres hommes de 40 ans, également concernés par cette action, disent qu’ils ont tout simplement «honte d’avouer qu’ils travaillent à leur âge à 5 400 DA». «J’ai 60 ans, de Houra, je travaille dans le cadre du filet social depuis 16 ans. Aujourd’hui, je n’en peux plus. J’ai des enfants à nourrir, des charges à payer et ils ont le courage de nous envoyer des factures d’électricité de 1 600 DA avec des menaces de coupure à défaut du payement. Ils veulent nous pousser à tuer ou à voler pour avoir cette somme ? Soyons logiques !» déplore un père de famille. À noter qu’une rencontre a eu lieu entre les contractuels et le chef de daïra qui, selon les protestataires, «a promis que tous leurs contrats seront renouvelés, ce qu’ils jugent toutefois insuffisant.» Doit-on signaler que les protestataires sont issus des municipalités d’Idjeur, Aït Ziki, Bouzeguène et Illoula Oumalou et se disent prêts à aller loin encore dans leur mouvement. Ils ont, d’ailleurs, décidé de protester, la semaine prochaine, devant le siège de la willaya à Tizi-Ouzou, «pour attirer l’attention des pouvoirs publics «puisqu’ici on ne nous voit pas et on n’écoute jamais nos voix», conclut une déléguée des protestataires.
Fatima Ameziane et Nadia Rahab

