La commune de Béni Maouche ne sait que faire de ses ordures. Il y a quelques années, tout le monde avait cru que le problème allait connaître son épilogue, après une localisation de terrain devant servir de site d’entreposage des déchets. Néanmoins, l’espoir soulevé par cette esquisse de projet s’est vite mué en grosse désillusion. Et pour cause, des oppositions de riverains en ont entravé la concrétisation. Depuis, les ordures règnent en maîtresses des céans. «Nous assurons la collecte et l’enlèvement des ordures uniquement dans les limites du périmètre urbain de Tiniri, le chef-lieu de la commune», informe un membre du staff municipal, laissant entendre que le reste du territoire de la circonscription est abandonné à ses immondices et à ses déjections fangeuses. Les propos du responsable communal sont, du reste, corroborés par les citoyens selon lesquels les villages et hameaux croulent littéralement sous les ordures. «Chaque village, chaque quartier et parfois même chaque pâté de maisons possède son propre dépotoir», atteste un habitant du village Ath Boudjala. «Il y règne une anarchie totale. On déverse les ordures n’importe où et à l’emporte pièce», se désole un villageois d’Aguemoune, l’un des plus peuplés de Béni Maouche. Pour réduire, un tant soit peu, le volume des tas d’ordures, signale-t-on, certains villageois procèdent à des incinérations régulières. Un procédé que l’on juge délétère à plus d’un titre. «Les fumées générées par la combustion des déchets nous empoisonnent la vie. En été, l’air devient irrespirable, tant et l’embrasement des étendues champêtres toutes proches n’est pas loin», alerte un quadragénaire d’Ighzer Oubellout. D’aucuns ne manquent de sonner le tocsin sur les risques que fait peser cet état de fait sur la santé publique. «Ces dépotoirs sont des foyers potentiels de maladies, autant dire des bombes à retardement», avertit un habitant du village Tizi Adjissa. Même les abords des routes, les précipices, les vallons et les cours d’eau ont leurs lots de bouteilles, canettes et sacs malodorants. Une pollution d’une ampleur spectaculaire, qui ne semble pas émouvoir grand monde.
N. Maouche
