Site icon La Dépêche de Kabylie

El-Kelaâ dépeuplé par l’exode

Le village El-Kelaâ, dans la commune d’Ighil Ali, se vide de sa substance humaine. Par processions successives, les villageois abandonnent leurs chez eux, pour aller trouver refuge dans les cités urbaines de la Soummam, des wilayas limitrophes et outre-mer. «Les villageois prennent diverses destinations. On les retrouve au chef lieu d’Ighil Ali, à Akbou, Bgayet, Bordj Bou Arreridj et Oran. D’autres s’expatrient pour atterrir principalement en France et, plus récemment, au Canada», signale un ex-habitant d’El Kelaâ, installé depuis une dizaine d’années dans la ville de Tazmalt. «Tous les villages d’Ighil Ali sont plus ou moins affectés par les mouvements d’exode. Néanmoins, il me semble qu’El Kelaâ compte parmi les plus sévèrement touchés», soutient un citoyen du village, rencontré à Ighil Ali. Notre interlocuteur indique que, par suite de ce dégraissement implacable, le village n’abrite plus qu’une dizaine de familles. Une saignée d’autant plus incoercible que les villageois prennent le chemin de l’exode, avec armes et bagages. Un aller sans retour, si ce n’est pour rendre une visite furtive à un malade ou enterrer un parent. Pour ce septuagénaire d’El-Kelaâ, l’équation est toute simple : les gens déguerpissent, parce qu’il n’y a rien qui puisse les retenir au village : «Nous vivons comme des marginaux, à l’écart du monde moderne. Il n’y a que la petite école primaire qui rappelle la présence de l’État. Même l’antenne de mairie a fini par fermer par manque de personnel», relève-t-il. La route desservant le village, à partir de la RN106 est dans un état de délabrement avancé. En l’absence d’une infrastructure de santé de proximité, l’évacuation des malades est problématique. N’ayant pas été inscrit dans une vision d’ensemble, le programme d’habitation rural, soutenu par le FONAL, est un flop. Le retour au village ne semble plus intéresser grand monde. La poignée de récalcitrants qui s’y résignent, envers et contre tout, vivent à l’ancienne et à la dure. Mais pour combien de temps encore ? s’interroge-t-on.

N Maouche

Quitter la version mobile