l Les gens ne se retournent plus, en voyant une femme au volant d’une voiture car on les voit de plus en plus, prendre cette place de chauffeur, lontemps réservée aux hommes. Elles sont de plus en plus nombreuses à posséder une voiture. Madame Maâmi va plus loin, car elle vient d’ouvrir une auto-école où pour la première fois dans la région, une femme enseigne la conduite aux candidats au permis de conduire. Certaines par nécessité, d’autres par loisir, des jeunes filles et même des femmes d’un âge avancé, veulent, elles aussi, apprendre à conduire. Il ne faut, cependant pas croire que tous les tabous sont tombés, surtout dans ces contrées montagneuses où il n’est pas facile d’aller à l’encontre de l’ordre établi. Des maris, des frères ou des pères hésitent souvent à envoyer leur parente, dans ces écoles de conduite dirigées, la plupart du temps, par des hommes. Cela est un peu paradoxal, du fait que lorsque l’on admet qu’une femme puisse prendre le volant, on ne devrait pas avoir de difficultés à accepter qu’elle se rende dans une auto-école. Madame Maâmi n’est pas venue, par hasard, à l’enseignement de la conduite. Son mari lui même est moniteur d’auto-école, depuis plus de vingt ans, ce qui a donné à son épouse, l’idée de l’imiter et de faciliter ainsi la venue des élèves de sexe féminin. Ces dernieres “se sentent plus à l’aise” en compagnie d’une femme. “Verra-t-on un jour, une femme au volant d’un bus ou d’un camion, comme en Europe ?”. Pour le moment les moyens matériels ne permettent pas, à l’établissement d’envisager une telle option, nous répond M. Maâmi. Mais sait-on jamais. Un pas vient, tout de même, d’être franchi.
Nacer Benzekri
