Officiellement, la 14e édition de la Fête du bijou d’Ath Yenni aura lieu du 27 juillet au 4 août prochains. L’annonce a été faite la semaine dernière par le maire de la municipalité et non moins président du comité communal des fêtes qui prend en charge la gestion de l’événement.
Mais en réalité, une grande incertitude entoure cet événement que l’association des artisans compte boycotter. Celle-ci a d’ores et déjà lancé un appel à bouder la manifestation. Le ton a été donné en fin de semaine dernière, quant des artisans ont organisé un sit-in au chef-lieu communal pour manifester publiquement leur rejet quand au maintien de la fête pour cette année. Fekir Belaïd, qui se présente comme le président de la commission des bijoutiers, une structure intégrée dans l’organigramme du comité communal des fêtes, s’explique ouvertement à travers une vidéo postée sur les réseaux sociaux : «On ne peut pas décider d’une fête de cette envergure en une semaine. J’ai personnellement commencé à interpeller le président depuis mai dernier. Et sa réponse était à chaque fois truffée d’incertitudes qui suggéraient une annulation. Il mettait toujours en avant des incertitudes sur les sites à retenir, les sponsors qui n’auraient toujours pas donné leur OK et j’en passe… Face à une telle indécision, les artisans ont fini par perdre espoir, la majorité ne se sont pas préparés ou ont fini par vendre leur marchandise. Et là on nous annonce la tenue de la fête, à une semaine de l’événement, ce n’est pas sérieux ! Ce n’est pas par plaisir qu’on veut faire l’impasse sur cette Fête, c’est avant tout notre gagne pain, mais nous ne voulons pas refaire une autre mascarade. Un tel évènement se prépare dans la transparence, dans la concertation, pour tenter de corriger les manques enregistrés durant les précédentes éditions et ça ne peut se faire en huit jours», plaide Fekir Bélaïd. En énumérant les manques relevés, ce dernier mettra en exergue surtout la frustration des bijoutiers locaux et le manque de considération affiché à leur égard comme à ceux venant d’autres wilayas. «Passons sur le bijoutier d’Ath Yenni qui n’a même pas droit à une bouteille d’eau alors qu’il a payé 6 000 dinars pour son stand, mais il est tout de même inélégant et inhospitalier de rabrouer de la cuisine un exposant qui vient de Tamanrasset ou d’ailleurs alors qu’il a payé sa participation à 15 000 DA ! Près de 260 millions ont été cotisés et le président a annoncé que des dettes de l’édition dernières sont à ce jour impayées… Nous voulons savoir : Qu’a-t-on alors fait des cotisations des participants ?» s’interroge-t-il avec indignation.
Smaïl Deghoul, maire d’Ath Yeni : «Que chacun assume ses responsabilités»
Le maire de son côté a tenté de rallier à sa cause la population locale en plaidant pour le maintien de la Fête et pour le dépassement de ces divergences, lors d’une rencontre organisée, avant-hier, en présence d’une soixantaine d’artisans. Une rencontre en marge de laquelle les inscriptions ont été d’ailleurs lancées avec le payement des droits de participation. Les artisans locaux sont tenus de payer 10 000 dinars alors que les postulants venant d’autres localités sont sommés de payer 19 000 DA. C’est donc dans une ambiance de confusion et de tension que les artisans partisans de la tenue de la Fête ont accompli leurs formalités d’inscription en s’acquittant des droits de participation, sans être néanmoins sûrs que la manifestation se tiendra bel et bien dès le 27 juillet prochain. Surtout que certains menacent d’une manifestation de rue le jour de l’ouverture. Contacté hier en fin d’après-midi, le maire d’Ath Yenni et président du comité communal des fêtes, promoteur de l’événement, s’est voulu rassurant : «La Fête du bijou aura bel et bien lieu dès le 27 juillet prochain comme prévu. On a d’ailleurs enregistré quelque 60 inscrits et tout se passera comme prévu». Interpellé quant à la position des artisans qui réclament le renvoi de la manifestation, M. Deghoul dira : «Je pense que la majorité a cerné l’intérêt du maintien de la Fête et tout est rentré dans l’ordre», a-t-il dit, qualifiant les contestataires d’«une minorité qui a tenté de prendre le monopole de la décision». En réponse aux menaces de ces opposants d’occuper la rue le 27 juillet prochain, le maire est on ne peut plus clair. Il répond à la menace par une autre : «Ce qui risque de se produire dans la rue n’est pas de notre ressort, mais de celui de la sécurité et que chacun assume ses responsabilités».
Hocine Moula.

