Quand les bassins de fortune remplacent la mer

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Bien que l’Algérie se targue d’avoir 1 400 kilomètres de côtes, les montagnards, eux, n’en bénéficient que très peu. La plage la plus proche d’Aïn El-Hammam, à titre d’exemple, se trouve à plus de quatre-vingts kilomètres. On ne peut s’y rendre tous les jours, ni se permettre la location d’un appartement à des prix défiant toute concurrence. On peut, de temps à autre, louer un fourgon pour s’y rendre dans la journée, mais pas autant qu’on le désire. Mais heureusement qu’il y a les rivières, particulièrement celle de l’oued El Djemâa, dont les endroits profonds permettent la baignade. En effet, à une dizaine de kilomètres d’Aïn El Hammam, coule une eau de source claire et limpide. Si le lit de la rivière est à sec en aval, en amont, par contre, son débit est suffisant pour remplir les trous creusés naturellement, lors des crues. Avides de plongées, des jeunes ont eu la présence d’esprit de réaliser un barrage de fortune à l’aide de grosses pierres. Le bassin, confortable et d’une profondeur appréciable, permet d’effectuer quelques brasses et surtout de plonger à satiété. Ces derniers jours, les températures élevées poussent des dizaines de jeunes et de moins jeunes à rallier «thamda eluzine», comme ils appellent ce bassin, pour se rafraîchir. En voiture ou à pied, on les voit arriver avec des sacs de provisions pour toute la journée. Ils déjeuneront sur l’herbe verte des berges, à l’ombre des arbres et des buissons, et ne rentreront qu’à la faveur de la fraîcheur du soir. Hormis les clameurs de jeunes garçons, heureux de s’adonner aux jeux dans l’eau, on n’entend que le chant des oiseaux qui volent sur les arbres alentours. Ce lieu de regroupement de jeunes, contraints de se débrouiller parfois dangereusement, met à nu l’absence totale d’espace de loisirs dans les régions montagneuses. Faute de piscine aménagée dans la région, les autorités des communes d’Aïn El Hammam, d’Akbil et de Yattafen, devraient, de l’avis des citoyens de la région, aider avec leurs engins à déplacer de gros rochers pour élargir le bassin, et éventuellement, en créer un autre, dans l’intérêt de la jeunesse.

A. O. T.

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