Interrogé sur la montée effrénée des cours de la devise, notamment dans le circuit officiel, le professeur Ibrahim Guendouzi n’écarte pas la poursuite de cette ascension, dopée selon lui, par la politique monétaire de la banque d’Algérie, qui ne cesse de déprécier le dinar face aux monnaies étrangères : «dans une économie non productive et une balance commerciale négative, les autorités n’ont pas d’autres choix que de déprécier la valeur de la monnaie nationale. Cette dépréciation amorcée depuis plusieurs mois a fini par faire sentir la cherté des monnaies étrangères, et par conséquent, la hausse de leurs prix en cotation bancaire». Mais l’économiste appréhende «une situation plus complexe pour les jours à venir», étant, «le retour au système dit ‘‘cabas’’ dans l’importation des biens de consommation, après le verrouillage opéré par l’actuel gouvernement sur plusieurs produits, qui sont désormais interdits à l’importation, va accentuer les cours de change et rendra donc les devises plus chères». À la question de savoir ce qui pourrait empêcher les autorités de s’attaquer au marché parallèle de la devise, source de spéculation et de flambée des cours, l’économiste soutient que «le marché parallèle est toléré, en ce sens qu’il pare à la pénurie relative que connaissent les banques publiques en billets de banques étrangers». Et d’expliquer : «le marché noir de la devise est considéré par les autorités comme un pourvoyeur non négligeable en devises bancarisées par les citoyens, contraints d’acheter dans les circuits informels pour les déposer dans le circuit formel qui est les banques, afin d’obtenir l’attestation de détention de compte en devise, nécessaire pour effectuer un voyage à l’étranger soit pour se soigner, faire son petit commerce ou du tourisme». En somme, pour l’économiste, le marché noir qui est alimenté notamment par les immigrés à la retraite sert de source pour alimenter les banques en devise. Néanmoins, «l’aspect négatif du marché parallèle de la devise réside dans le fait qu’il alimente beaucoup d’opérateurs économiques qui s’adonnent à la fuite de capitaux vers l’étranger, et pouvoir échapper au fisc pour les importateurs», assure encore l’économiste.
M.A.Temmar