La nappe phréatique donne des signes patents d’épuisement dans la vallée de la Soummam. Une situation consécutive à un long épisode de sécheresse sans précédent. Le niveau de la nappe baisse sensiblement au fil des ans. Les puits tarissent les uns après les autres. Les paysans versés dans les maraîchages vivriers se retrouvent devant un scabreux dilemme : recourir à d’harassants et couteux travaux de fonçage de leurs ouvrages hydrauliques, ou abandonner leurs cultures. «Depuis plus de cinq ans, chaque été on creuse pour compenser le rabattement de la nappe. Cela coûte les yeux de la tête, mais il n’y a pas d’autre alternative», relève un fellah du village Khenfor, dans la commune d’Ouzellaguen. Un maraîcher de la région de Tazmalt soutient être engagé dans une spirale infernale, avec à la clef, des manques à gagner considérables. «L’investissement est devenu un gouffre sans fond. À coté des charges habituelles, la nouvelle donne nous impose de débourser des millions pour continuer à irriguer nos légumes. Au bout du compte, on se retrouve fatalement dans le rouge, avec un bilan désastreux», confesse-t-il. Les rares puits qui échappent au tarissement, signale-t-on, conservent un débit dérisoire, rendant aléatoire leur exploitation. «Ma réserve d’eau s’épuise au bout de 5 minutes de pompage. Il faut compter une journée de temps pour remplir un bassin d’accumulation d’à peine 25 m3», rapporte un agriculteur de Seddouk, cultivant un lopin de terrain à un jet de pierre de l’Oued Soummam. «Le niveau de mon puits baisse à vue d’œil, si bien que l’irrigation de mon exploitation devient chaque jour plus difficile», affirme le propriétaire d’un verger arboricole dans la région de Timezrit. Confronté à une pénurie sévère de la ressource, un autre paysan de cette commune soutient avoir été obligé de laisser péricliter une partie de sa culture. La situation, déplore-t-il, est d’autant plus intenable que les vagues de chaleur caniculaire se font plus fréquentes. «Quand le thermomètre affiche 40°,; il faut un apport d’eau quasi quotidien, sous peine de voir faner vos plantes potagères. Dans ses conditions, satisfaire les besoins en eau d’une culture relève d’une gageure», fait-il observer. Des prélèvements d’eau qui ne sont que partiellement compensés par les apports en précipitations atmosphériques et une surchauffe du climat, qui a tendance à s’inscrire dans la chronicité. Voilà les termes de l’équation qui place les réserves d’eau souterraine sur la pente d’un déclin inéluctable. En tout état de cause, l’avenir s’annonce plus sombre que jamais. À moins d’un improbable retournement de situation. L’espoir fait vivre…
N. Maouche