S’il nous a déjà été donné de remarquer les premiers vendeurs de figues de barbarie sur la RN 30, au lieu-dit Tighilt Laâbid à Ain Zaouia, là où ce fruit est abondant, ce n’est pas le cas des habituels vendeurs des villages d’Aït Yahia Moussa. En effet, ces derniers se trouvent désemparés, et ne savent plus comment gagner le peu d’argent qu’ils avaient l’habitude d’acquérir durant la saison estivale. Il ne reste pratiquement aucun figuier de barbarie. Aux côtés des oliviers et des autres arbres fruitiers, El Karmousse a été entièrement décimé par les feux de forêts des 12 et 13 juillet derniers. «Est-ce que vous avez vu un seul cactus sur les abords de la route que vous avez empruntée?», nous interroge un jeune adolescent rencontré au village Ath Rahmoune, où nous nous étions rendus samedi dernier. Effectivement, on ne voit plus ces enfants qui venaient d’Afir, d’Ath Rahmoune et des autres villages de la commune exposer leurs figues de barbarie sur les abords de la RN 25. Ce fruit a complètement disparu dans cette commune. «À perte de vue, le décor est tout noir», se lamente un autre jeune du village Iboussaidène. «Que nous reste-t-il?», s’interroge-t-il, au bord des larmes. Il faut rappeler que durant les années précédentes, à ce moment précis de l’année, des dizaines de bidons de figues de barbarie sont exposés tout le long de la RN 25, et plus précisément à proximité du lycée à l’entrée de ce petit centre urbain. Devant ce manque, tous les adolescents qui se préparaient déjà depuis des mois à vendre ce fruit sont désemparés. «C’est la première fois depuis cinq ou six ans que je n’aurai pas cette opportunité de gagner un peu d’argent pour préparer ma rentrée scolaire, d’autant plus que je viens de passer au lycée», nous répond un jeune homme d’environ seize ans. Même si l’Etat a promis des aides et la replantation, par exemple, de tous les oliviers décimés par les flammes, ce n’est pas le cas des cactus. Ceux-ci ne sont pas disponibles dans les pépinières, c’est dire qu’il ne sera pas aussi facile de régénérer tous ceux ravagés par les feux. En tout cas, cette population ne s’est pas encore relevée de ce désastre.
Amar Ouramdane
