Une activité saisonnière devenue… tradition

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L'été est la saison des vacances et de repos par excellence pour certains. Pour d’autres, en revanche, c’est la période de divers travaux de construction, réparation, bricolage, jardinage…

Certains choisissent le commerce ou les petites affaires qui apportent de l’argent cash et assurent une certaine liberté de mouvement, comme c’est le cas des jeunes vendeurs à la sauvette de la figue de Barbarie, que l’on croise aux bords de la RN75 du côté d’Amizour, à l’instar des autres localités. Ils sont collégiens, lycéens et quelquefois pères de famille, comme c’est le cas de Chafaâ. Ils viennent toujours en groupe avec leur marchandise, contenue dans des jerrycans de différents volumes, qu’ils proposent aux automobilistes et autres passants. Chafaâ, Nabil et les autres passent la journée entière à proposer des fruits de saison à des usagers de cette grande route, qui sont parfois leurs clients habituels. «A force d’occuper cet endroit, nous nous sommes fait notre propre clientèle qui connaît bien notre produit frais et sa bonne qualité, surtout que nous proposons de bons prix, malgré la galère quotidienne subie lors du transport de notre marchandise depuis l’autre côté de L’oued à l’aide de moyens de bord », dira Chaffaa, 28 ans, marié et travailleur journalier, le plus âgé de la clique. Celui-ci avoue que ce travail lui permet, en sus d’arrondir ses fins de mois, de faire face à de multiples dépenses de l’été, notamment celles relatives aux cadeaux de mariages et autres fêtes familiales. Vendre des figues de Barbarie, c’est aussi une petite activité de collégiens et autres jeunes étudiants, pour amasser de l’argent nécessaire aux dépenses des vacances et à l’achat d’habits et affaires scolaires. « Je vends des figues de Barbarie depuis quelques années. Bien que pénible, cette activé est plaisante. Je l’assimile au sport, puisqu’on se lève tôt le matin pour aller à la crête du côté d’Ighil Ialouanen, cueillir ces fruits avec des moyens traditionnels et les acheminer jusqu’aux abords de cet axe routier. C’est un peu un travail militaire», dira Nabil, jeune lycéen et ancien du métier. A noter que le prix est fixé souvent par lot. Par exemple, un grand bidon est cédé à 500 DA, alors que le petit fait en la moitié. En tout, l’on arrive à écouler une dizaine de ces seaux par jour. L’activité dure le temps de deux mois, selon la disponibilité de ce fruit saisonnier, qui murit à la mi-juillet et se raréfie à partir de la fin du mois d’août. «En plus de son goût succulent et ses diverses vertus, les ménages sur rabattent sur la figue de Barbarie, appelée localement Akermous, parce que, d’une part, c’est un fruit qui résiste à la chaleur, et de l’autre, il ne coûte pas cher. On le trouve partout avec ses différents genres de couleurs, comme le rouge, le jaune et le vert », dira un adepte de ce fuit exotique. Pour ces jeunes vendeurs à la sauvette, les adeptes de ce produit ne sont pas forcement les pauvres. «Presque toutes les couches de la société en consomment. Il y a même des passants, surtout des immigrés, qui nous demandent de leur choisir les plus belles pièces quand ils reçoivent des invités étrangers. Quelquefois, ils en prennent même avec eux pour les offrir à des voisins ou amis étrangers», ajoute Chafâa. A noter que la figue de barbarie est un produit du terroir par excellence en Kabylie, à côté de la figue bien sûr. Sa cueillette est une activité purement ancrée dans la société et plus particulièrement chez la frange juvénile, dont beaucoup cherche à assurer sa propre autonomie financière. Il a été relevé, par ailleurs, les vendeurs ne sont pas exclusivement issus de familles démunies. La figue de Barbarie représente un fruit à la portée de tout le monde d’abord, mais aussi un fruit très puisé pour faire faire face à la déshydratation, ont dit quelques expert du domaine, car il recèle d’un capital en eau et en minéraux appréciable, comme il combat la déshydratation.

Nadir Touati

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