La rumeur bat son plein au sujet des zones d’expansion touristique d’Aokas et Souk El-Tenine, qui seraient bloquées suite à la protestation citoyenne. Le bruit s’est amplifié depuis les déclarations du ministre du Tourisme et de l’artisanat, Hassan Mermouri, qui a annoncé, dimanche dernier, l’arrêt définitif de l’opération d’expansion des zones touristiques et le réexamen des dossiers des projets déjà lancés. L’information a rendu un immense espoir au collectif de défense de la bande boisée, allant d’Aokas à Souk El-Tenine, menacée par la construction de structures hôtelières et touristiques dans le cadre des deux ZET programmées au niveau du littoral de ces communes. Le maire de la station balnéaire de Souk El-Tenine dit qu’il n’a rien reçu d’officiel. Il dira que jusqu’à aujourd’hui (ndlr mardi), “nous n’avons fait que recevoir des demandes de permis de construire qui sont orientées vers le guichet unique de la direction de l’urbanisme et de la construction”. Il soulignera toutefois que certains investisseurs, demandeurs de permis, font face à des contraintes telle que le respect de la bande maritime ou à l’opposition des services des forêts quant à l’arrachage des arbres. «Pourquoi parle-t-on d’arrachage d’arbres alors que dans le projet lui-même les services compétents parlent de transplantation d’arbres alors que les autres ne seront pas touchés du tout ?», s’interroge ce militant écologiste. Dans cette commune, outre les huit lots constituant la zone d’expansion touristique, il y a une dizaine d’autres projets accordés dans le cadre du Calpiref. Même son de cloche au niveau de la commune voisine d’Aokas, où on dénombre neuf projets dans le cadre de la zone d’expansion touristique et une dizaine d’autres accordés dans le cadre du Calpiref. Ces projets seront-ils réalisés ou annulés ? La question reste posée et les déclarations du ministre du Tourisme et de l’artisanat laissent peser le doute. En effet, en avouant que certaines zones subissent des transgressions de la part des citoyens, d’hommes d’affaires et, parfois, de certains organismes ayant poussé ses services à tenter d’y mettre un terme en commençant par préserver les zones restantes et de passer, par la suite, à l’étude des dossiers au cas par cas, le ministre ouvre la brèche d’éventuelles annulations. Il est utile de rappeler qu’à Aokas, la société civile, constituée en collectif de défense de la bande boisée, a fait de la sauvegarde de la bande boisée son cheval de bataille. Depuis la création officielle de la ZET, il multiplie les actions de protestation pour faire part de son refus de voir la bande boisée disparaître au profit de quelques personnes. Ce collectif ne s’oppose pas à la création de l’investissement mais il conditionne cela par le respect de la nature. Il n’est pas question pour ces citoyens que «leur bande boisée», véritable poumon de la commune, ne soit détruite. «Pourquoi arracher tous ces arbres pour satisfaire une dizaine de pseudo-investisseurs ? Pourtant, on peut réaliser trois grands hôtels sans toucher aux arbres, pour peu qu’on fasse appel aux professionnels tels que les groupes touristiques internationaux», dira Madjid, un fervent défenseur de la bande boisée. D’ailleurs, celui-ci s’étonnera qu’on retrouve, dans d’autres wilayas, des hôtels de haut standing gérés par les grands groupes, tel que le groupe Accord par exemple, alors qu’à Béjaïa, région touristique par excellence, il n’existe aucun complexe touristique de cette envergure. En effet, un Sheraton, un Novotel et un Hilton peuvent aisément remplacer la kyrielle de structures programmées dans la zone d’expansion touristique sans que la bande boisée ne soit menacée de disparition.
A. Gana