La population exaspérée !

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L’inefficacité de l’infrastructure de santé publique de la commune de Souama ne cesse d’accentuer la détresse de la population et de provoquer son irritation. La journée d’avant-hier fut, encore une fois, des plus pénibles pour les quelques dizaines de personnes qui se sont rendues à ladite polyclinique du chef-lieu communal, qui pour des consultations qui pour des soins dentaires. A 10h passées, il n’y avait ni médecin, ni dentiste, ce qui a provoqué la colère de plusieurs malades venus de différents villages de la commune. Certains sont retournés bredouille chez eux, d’autres n’ont eu d’autre choix que d’aller voir des médecins privés, ce qui n’est pas à la portée de tous. Cela dit, les habitants de cette commune de quelque 5000 habitants, située à 55 km du chef-lieu de la wilaya, ont fini par se résigner à ne plus compter sur cet établissement, depuis belle lurette déjà. «Ce n’est pas la première fois. Le problème dure depuis longtemps et le dysfonctionnement de cette polyclinique est constaté à tous les niveaux», diront des habitants qui avaient pourtant nourri de grands espoirs sur cette structure. Ils reconnaissent s’être «naïvement réjouis à l’idée de bénéficier d’une polyclinique digne de ce nom qui allait apaiser nos souffrances en nous épargnant plusieurs kilomètres de déplacement vers d’autres structures ». Il est vrai qu’en période hivernale, notamment, cette région est souvent isolée par la neige. Pour rappel, cette structure, qui n’a de polyclinique que le nom, relève du secteur sanitaire d’Azazga. Depuis son inauguration en 1998, la population n’en a guère tiré profit, d’après les multiples témoignages que nous avons recueillis sur place. La polyclinique, qui est décrite comme simple salle de soins ou un dispensaire, est dotée portant de deux grandes salles, pour les services de maternité et les urgences. Un espace qui n’a jamais été exploité et reste désespérément non opérationnel, en attendant que le matériel adéquat et les moyens soient fournis. Actuellement, cet établissement ne s’est vu affecter qu’un médecin, un dentiste, une sage-femme et des infirmiers. D’après la population, ces derniers sont souvent absents, «et quand ils se décident à travailler, ils arrivent en retard et sortent bien avant l’heure réglementaire». A la polyclinique de Souama, apparemment, « personne ne rend des comptes », et les citoyens sont encore et toujours «les seules victimes». C’était d’ailleurs le cas, avant-hier, avons-nous constaté. La polyclinique était désertée par son personnel médical. Le responsable de l’établissement a tenté de justifier cet état de fait par «le départ en vacance des médecins». Il expliquera qu’une généraliste, qui avait assuré fait la veille la garde à la polyclinique de Mekla, «est passée de bon matin assurer les consultations ». Notre interlocuteur laissera entendre que «Ce geste prouve la bonne volonté de ce médecin» qui ne serait pas obligé de venir à la polyclinique de Souama pour assurer les consultations. Un autre fait qui agace au plus haut point la population nous a été signalé sur place. «Pour des soins dentaires, il faut s’inscrire sur une liste limitée par le dentiste lui-même. Si le nombre fixé est atteint, les patients sont renvoyés chez eux». En parlant de consultations, il faut préciser qu’elles ne sont pas assurées les week-ends. Portant, des logements de fonction sont mis à la disposition des fonctionnaires. «C’est à se demander si la polyclinique n’assure les fonctions d’un hôtel publique au lieu d’être un établissement de santé», ironisent les villageois qui reconnaissent néanmoins la bonne volonté de «certains éléments qui travaillent avec conscience». Les villageois ont par ailleurs évoqué le cas de l’ambulance affectée à cet établissement et dont le sort demeure inconnu. Juridiquement, la polyclinique de Souama possèderait une ambulance que la population «n’a jamais vue et dont personne n’a jamais bénéficié». Une source travaillant dans la polyclinique affirme que cette ambulance «est en panne et ne sert aucune autre structure de santé», tandis que d’autres affirment que cette dernière «dessert un autre établissement». Dans tous les cas, la population réclament «son» ambulance et exhorte les autorités à tenir leurs engagements consistant à «doter cette structure des moyens nécessaires qui en feront réellement une polyclinique digne de ce nom et, enfin, opérationnelle».

Kamela Haddoum.

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