Je m’incendie pour avoir de la tune et après ?

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S. Ait Hamouda

Le nouveau cru est arrivé. C’est arrivé subrepticement et au lieu de nous surprendre, il ne nous a pas étonnés. Il nous a certes fermés les portes de l’inattendu, puisque l’attendu ne nous interpelle que lorsqu’il se pare des accoutrements hideux et misérables de pauvres hères en quête d’aumône. Bien sûr, dos au mur, nous pensions avoir le bénéfice du doute quand nous avions l’heur de plaire ou de déplaire aux gens bienpensants. Il ne manque pas de satisfactions lorsqu’il pleut des satisfécits subliminaux, et croissent des corbeaux blancs à la recherche de leur proie en putréfaction. Cela peut ressembler à moi ou à vous, mais en fait, il ne ressemble à personne au moment où je brûle de ma propre volonté mes arbres pour, d’une part, me faire indemniser et, d’autre part, en faire du charbon en prévision de l’Aïd. On se fait petit, on se plait à se sentir petit, dès lors que de notre petitesse surgit la grandeur enfouie en soi et qui éclabousse le monde de nos simagrées. On se croit malin et futé, tellement l’aura, qui aura manqué au destin, poindra au firmament de la bêtise et éclairera le monde de la noirceur. Il y aura du charbon pour les barbecues du futur, mais un charbon qui ne brûlera pas comme il le faut, parce qu’il n’a pas été produit dans les charbonnières. Ce qu’il faut savoir dans tout ça, lorsque les moments de s’incendier soi-même auront raison des espérances rêvées, couvées et peaufinées par quelques gus. Il arrivera aux grands comme aux petits, qui subiront le sort d’incendies volontaires, de former des comités de protestation, pour se plaindre à qui veut bien les entendre, afin de recevoir des compensations sur les arbres qu’ils ont brûlés de leurs mains criminelles. Rassurez-les, dites-leur de ne pas s’inquiéter, la vache à traire ne leur versera pas un sou et ils s’en sortiront avec le nombre d’arbres et de végétation partis en fumée. Brûler ses biens est une façon de s’auto-flageller avec la satisfaction usurpée du devoir accompli.

S. A. H.

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