Le village Bouni, ou "l'accomplissement" raté

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Le village Bouni, situé à 20 km du chef-lieu d’Ighil Ali, était bien parti pour être un centre urbain et un pôle économique attractif, n’était-ce la décennie noire qui l’a « rattrapé » pour le plonger dans le chaos et la terreur islamiste ! Avant le déclenchement du terrorisme dans le pays, Bouni était une paisible localité, située à 20 km d’Ighil Ali, où il fut projeté la réalisation d’une zone d’activité. Celle-ci, fut effectivement viabilisée, en 1989, avant de tomber dans l’oubli, car ce dossier n’avait pas été suivi à l’époque. Et puis, le terrorisme a fait le reste avec les incursions des hordes islamistes qui terrorisaient les habitants de cette région haut perchée à plus de 900 mètres d’altitude. S’en est suivi un exode massif des populations. Maintenant que la paix civile est revenue dans ces contrées hostiles et rocheuses, les habitants des différents villages surplombant le chef-lieu d’Ighil Ali réapprennent à vivre, même si la vie de tous les jours ne leur offre pas de « cadeaux ». A juste titre, le village Bouni n’est pas réinvesti par tous ses habitants, qui l’ont fui à cause des islamistes armés qui écumaient les lieux. Actuellement, il ne subsiste qu’une dizaine de foyers dans ce village. Cependant, contrairement aux autres localités enclavées, comme El Kelââ, Tazla, Tiniri et Ath Seradj, la bourgade de Bouni, malgré les apparences, ne souffre pas d’isolement en réalité, car la RN106 se trouve à un jet de pierre des premières habitations. Le transport, même s’il y manque, peut être assuré par les rares minibus qui passent via cet axe routier, lequel relie le chef-lieu de Bordj Bou Arréridj à la RN26 dans la localité d’Allaghane (commune de Tazmalt). Bouni est aussi une localité qui peut aspirer à un avenir meilleur. Il y existe une unité de soins fermée, car non pourvue en personnel médical, et une école désertée depuis la décennie noire. «La remise en service de ces deux équipements pourraient atténuer notre souffrance», affirme un habitant. C’est également un site enchanteur. Entouré de cimes boisées de pin d’Alep et de précipices vertigineux, les lieux donnent plaisir à voir. A quelques centaines de mètres de ce petit village, il y a la station de carburant « Naftal”. Bouni, c’est aussi le nom donné à une vaste forêt de pin d’Alep de 8000 ha, « tapissant » monts et vaux de cette région fière des Ath Abbas. Cette étendue forestière est considérée comme l’un des derniers remparts contre la désertification. C’est une étendue verte qui offre une vue magnifique, d’autant plus qu’elle purifie l’air de cette région. Des sources parlent de vestiges romains dans ces lieux (quelque part dans la forêt de Bouni), où des témoins auraient aperçu, il y a quelques décennies, des colonnes et des pierres, «probablement un petit fort romain en ruines», dit-on. D’autres indiquent qu’il y aurait une voie de communication réalisée par les romains à une époque lointaine dans ces lieux.

Syphax Y.

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