l Disparus depuis environs vingt ans, Azidhoudh ou les palombes, ont soudainement réapparu depuis deux semaines. Un essaim de plusieurs dizaines d’individus a élu domicile le long du grand ravin qui prend naissance à la sortie sud du chef-lieu de la commune de Saharidj, jusqu’à l’Oued Sahel séparant sur son parcours, les villages Ath Yavrahim et Allaouche. Ce volatile ressemble à s’y méprendre au pigeon local à la seule différence de l’envergure. Ce pigeon sauvage est sensiblement plus grand et n’a qu’une seule couleur (bleu clair) avec un collier blanc au cou. De plus, son roucoulement est particulier et les chasseurs le reconnaissent de loin et l’identifient. La chaire du ramier est très prisée, d’où le dicton kabyle “El Marka Ouzidhoudh Zidhzth”; la sauce du ramier est succulente. Le ramier est un oiseau migrateur et un grand voyageur, il parcourt selon certains anciens chasseurs des dizaines de milliers de kilomètres. Ces mêmes chasseurs disent avoir, dans le temps, attrapé des ramiers portant des bagues aux pattes avec des adresses inscrites sur ces bagues indiquant des lieux en Norvège, Danemark, mais aussi en Suède et en Pologne. L’oiseau fuyant la chaleur, c’est vers la fin juin qu’il reprend le chemin du retour vers l’Europe. Nos chasseurs sont tous unanimes à affirmer que la nidification de cet oiseau et la ponte ne se font jamais en Algérie, ce qui revient à dire que sa présence dans notre pays n’est que saisonnière (entre début octobre et fin juin). En temps normal nous aurions écrit : “Tant mieux pour nous chasseurs et les bouches fines”, mais notre inquiétude n’est que plus grande et notre souhait est de voir les services concernés, particulièrement celui des forêts, suivre de près le déplacement de cet essaim de ramiers qui évolue sur un rayon restreint (entre Saharidj et Ath Yavrahim). sa surveillance est des plus aisées étant donné que tout le parcours de ces oiseaux est longé par une route aménagée et traversée par plusieurs pistes carrossables récemment ouvertes. L’habitude que nous connaissons au ramier est qu’il n’est pas du genre à picorer par terre; il choisit de hauts arbres situés sur les crêtes élevées, sans doute pour avoir une bonne vue de son territoire qu’il ne quitte que contraint. C’est au sommet de ces arbres qu’il passe la nuit et le plus clair de son temps pendant le jour, d’où la facilité à l’observer à l’aise et juger son état de santé.
Omar Soualah
