Chawki Salhi, militant de gauche et ancien secrétaire général du parti socialiste des travailleurs (PST), a animé, hier à Haïzer, une conférence-débat consacrée au congrès de la Soummam. Le conférencier était l’invité de l’association Les amis du livre de Haïzer, qui organisait, au centre culturel Nedjaa Hamimi de la ville, des activités commémorant le 61e anniversaire du congrès de la Soummam. D’emblée, le conférencier évoquera l’histoire du mouvement national en revenant sur sa genèse. Un mouvement national qu’il a qualifié «d’exceptionnel et d’important», dans la mesure où il a influencé le cours de l’Histoire contemporaine. «On a eu un mouvement national important qui a aidé à libérer 25 pays africains du joug colonial, dont la Tunisie et le Maroc», dira-t-il. Et d’ajouter : «Les peuples étaient tellement écrasés et se sentaient faibles devant les colonisateurs qu’à la libération on sentait chez eux de la fierté et de la joie d’être redevenus enfin des êtres humains à part entière». Chawki Salhi expliquera égalament qu’à ses débuts, «les militants nationalistes plaidaient plutôt pour l’assimilation et pour que l’élite indigène puisse avoir le droit de voter». Selon lui, ce n’est qu’un peu plus tard après la création de l’Etoile Nord Africaine puis du MTLD et après du MTLD, que l’idée de l’indépendance a commencé à germer sous l’impulsion des ouvriers immigrés. «C’est dans les milieux ouvriers algériens que les premières structures de militants plaidant pour l’indépendance ont été créées», a noté le conférencier. Selon ce dernier, dans ces milieux ouvriers, 90% étaient des Kabyles et beaucoup étaient militants du mouvement national. «Si beaucoup de leaders du mouvement national comme Amar Imache étaient des Kabyles c’est que sur 400 000 immigrés algériens en France il y avait 90% de Kabyles, dont beaucoup ont épousé la cause nationale.» Revenant à la thématique principale de la conférence, à savoir le congrès de la Soummam, le conférencier a qualifié celui-ci d’événement important dans l’histoire du pays. «Le congrès de la Soummam est l’un des jalons de l’épopée nationale», a-t-il noté. Selon M. Salhi, «il est important parce qu’il a offert une plateforme politique et a aussi structuré la révolution.» Il dira aussi que le congrès comporte des points négatifs et d’autres positifs. «Le congrès est critiquable mais il a le mérite d’exister». Énumérant certains points dont-il dira que l’on a souvent tendance à reprocher aux organisateurs de cet événement historique, Chawki Salhi citera celui de l’absence de représentativité à la réunion de la Soummam. «Certaines régions comme les Aurès et des dirigeants historiques, notamment ceux du FLN basés à l’extérieur, n’ont pas pris part à la réunion», a avancé le conférencier. Sur les principes fondateurs du congrès (primauté du civil sur le militaire et primauté du l’intérieur sur l’extérieur), M. Salhi expliquera que, certes, tous les présents s’y étaient mis d’accord, cependant et selon lui, ces principes n’ont pas été respectés. «À peine le congrès achevé, les dirigeants ayant pris part ont élu domicile à l’extérieur, en Tunisie», a-t-il argué. Evoquant les polémiques qu’a suscitées et que continue de susciter le congrès de la Soummam, le conférencier a tenu à apporter certains éclairages. Ainsi et sur le texte lui-même et sa rédaction dans un style moderne et marxisant, le conférencier soutiendra que «celui-ci n’a pas de caractère laïque comme le veulent expliquer certains, d’autant que les chefs historiques présents à la réunion de la Soummam étaient tous de formation intellectuelle arabo-musulmane.» Sur la composante humaine à dominance kabyle présente au congrès, Chawki Salhi dira que «les Kabyles étaient de tout temps très présents dans le mouvement national et ces derniers y ont joué un rôle important.» Le conférencier a clos sa conférence en soutenant que «tout comme le 1er novembre, le congrès de la Soummam est un événement important dans la lutte du peuple algérien pour sa libération.» La conférence sera, par la suite, ouverte aux questions du public et s’en suivra un débat très riche. Il est utile de souligner que l’association Les amis du livre a tenu diverses activés à l’occasion de cette journée commémorative. En plus d’une exposition-photos des martyrs de la révolution et de coupures de journaux, il est prévu la projection d’un film sur Krim Belkacem et la tenue d’un récital poétique. Selon Nabil Nedjadi, président de l’association, l’objectif de cette journée commémorative «c’est de faire connaître certaines pages de l’histoire du pays et surtout de lutter contre la culture de l’oubli.»
Djamel Moulla