C’est dans le cadre du programme des festivités pour la commémoration du 61ème anniversaire du congrès de la Soummam, initié par l’association Tagrawla de la commune d’Ath Leqsar, que l’historien et professeur de sociologie à l’université de Constantine Pr Abdelmadjid Merdaci a animé, hier, une conférence-débat sous le thème «Le congrès de la Soummam vu par la génération poste indépendance». Cette conférence, à laquelle ont assisté plusieurs dizaines de citoyens de cette région, s’est tenue au niveau de la grande salle du centre des sports de proximité de cette commune. D’emblée, le conférencier retracera la situation politique générale de l’Algérie à la veille de la tenue du congrès et les objectifs politiques des initiateurs. Pour M. Merdaci, les leadeurs politiques et militaires du FLN historique avaient comme principal objectif d’organiser la rébellion et d’offrir au FLN une qualité politique représentative à l’intérieur comme à l’extérieur du pays : «A cette époque, les leadeurs du FLN et de l’ALN étaient convaincus de la nécessité de création d’un cadre juridique et politique pour la future Algérie indépendante avec des institutions civiles et militaires. L’enjeu était de taille, surtout que des représentants diplomatiques algériens étaient accueillis et soutenus sur la scène internationale, notamment par les pays de l’ancien bloc soviétique. Il aurait fallu aussi mettre en place un cadre organisationnel mieux adapté sur les plans militaires et politiques, surtout que l’armée française s’est lancée dans une double guerre contre les indépendantistes algériens, soit en usant d’une force barbare contre les maquisards et en essayant aussi de gagner la confiance des Algériens par divers programmes pacificateurs» a-t-il expliqué. L’hôte d’Ath Leqsar n’a pas manqué de mettre en exergue le caractère «très démocratique» du congrès de la Soummam, puisque, selon-lui, les initiateurs ont réussi à fédérer tous les avis convergents pour une organisation plus efficace de la révolution : «Le congrès de la Soummam avait un caractère très transparent et démocratique. C’était un vrai congrès. Malgré les grandes divergences idéologiques et d’opinions des participants, l’ensemble des représentants des cinq wilayas ont signé la charte finale du congrès. Des témoignages confirmés rapportent des débats très approfondis et parfois houleux entre les congressistes, mais finalement ils ont tous adopté cette charte qui porte essentiellement sur trois points, qui sont la primauté de l’intérieur sur l’extérieur, la primauté du civile sur le militaire et enfin la construction d’un grand Maghreb démocratique des peuples», a-t-il ajouté, avant de rapporter un fait historique, qui selon-lui, a marqué l’engagement des congressistes pour la guerre de libération : «Lors de ces mêmes débats, la wilaya du nord-constantinois, représentée par Zighoud Youcef, s’est opposée à la majorité des propositions, mais finalement Zighoud a signé la charte du congrès. Feu Abane Ramadhan avait commenté ce fait, en disant que c’est l’honnêteté qui a primé sur les débats. Encore plus loin et en 1957, la wilaya du nord-constantinois était la seule wilaya historique à avoir adopté et appliqué le principe des élections au sein des structures locales du FLN et de l’ALN, adopté lors du congrès de la Soummam», a-t-il martelé. Pour le conférencier, les congressistes de la Soummam ont pu dépasser les convergences, en raison de leur engagement sincères et dévoués pour l’indépendance de l’Algérie, et ce, malgré les critiques très sévères contre la charte du congrès avancées de la part de leadeurs importants du FLN, à leur tête Ahmed Ben-Bella et Mohammed Boussouf : «Il n’y avait aucun esprit de haine ou de vengeance. Les calculs malsains n’existaient pas. Tout le monde s’est exprimé dans la transparence la plus totale et sans la moindre arrière-pensée, malgré les nombreuses critiques de certains dirigeants du FLN et de l’ALN historiques, qui ont accusé à cette époque Abane Ramdane et Krim Belckacem de vouloirs étouffés le sursaut révolutionnaire des Algériennes», a-t-il encore ajouté. A noter vers la fin qu’un riche débat a suivi la conférence du Pr Merdaci, qui a répondu favorablement à l’ensemble des questions des assistants, notamment celles en relation avec le degré d’application de la charte du congrès de la Soummam de la période allant de 1956 jusqu’à 1962.
Oussama Khitouche
