En rappelant au gouvernement et à ses partenaires sociaux et économiques le devoir de la solidarité et de l’unification des rangs, le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, invite clairement les trois parties à déconsidérer l’épisode de mésentente sous l’ère Tebboune.
Après la sévère lettre de recadrage adressée à son ancien Premier ministre, suivie quelques jours après par son limogeage et son remplacement par Ouyahia, Abdelaziz Bouteflika intervient, encore une fois, pour cadrer, cette fois-ci, la démarche que devront suivre les principaux acteurs de la scène politique et économique. En des mots bien clairs, Bouteflika saisit l’occasion du double anniversaire du 20 août, Journée nationale du Chahid, pour leur rappeler la ligne de conduite. «Il est du devoir du gouvernement et de ses partenaires sociaux et économiques de donner l’exemple à notre peuple, par la solidarité, la mobilisation et l’unification des rangs, afin que notre pays puisse mobiliser les énergies et investir de manière constructive dans les différentes capacités et potentialités de ses enfants», a souligné le président de la République dans sa lettre, lue à Tlemcen par le ministre des Moudjahidine, à l’occasion de la Journée nationale du chahid. La promotion du consensus national est l’une des nouvelles voies que trace désormais Bouteflika à son Exécutif dirigé par Ouyahia qui se doit «d’unifier les rangs» avec ses partenaires. Un consensus qui ne peut se réaliser sans la mobilisation de toutes les énergies. C’est ainsi qu’il appelle tous les partenaires de la vie sociale et économique à l’esprit de solidarité : «Nous devons nous imprégner des valeurs de solidarité et d’unité (…) qui doivent accompagner tous les acteurs du développement, le gouvernement et ses partenaires sociaux et économiques, en vue de mobiliser toutes les énergies et créer de nouvelles ressources complétant celles du pétrole, pour préserver à long terme l’indépendance financière de l’Algérie et sa souveraineté sur le plan économique». Le message de Bouteflika s’adresse sans équivoque à l’actuel chef de l’Exécutif à qui il trace la feuille de route de ce que devra être l’action de son gouvernement. Mais surtout, une balise à ne pas franchir à l’encontre des acteurs économiques sérieusement malmenés par Abdelmadjid Tebboune. Le président de la République n’a pas manqué, encore une fois, de gratifier l’Armée nationale sur laquelle «le peuple algérien peut s’appuyer en toute quiétude (…) lorsqu’il s’agit de la sauvegarde de la sécurité du pays, de ses citoyens et de son intégrité territoriale», a-t-il souligné, délivrant par là même un message par lequel il balaie les rumeurs selon lesquelles Tebboune aurait agi avec la bénédiction de l’Armée qui veut démêler la sphère détentrice de l’argent de la sphère politique. La lettre du président de la République sonne également le rappel à la mobilisation de tous les Algériens face à la conjoncture économique difficile que traverse l’Algérie depuis la chute des prix du pétrole. Bouteflika n’en cache pas, pour autant, la réalité complexe que vit le pays. Une conjoncture, selon le chef de l’Etat, «marquée par de multiples pressions extérieures et principalement par une chute vertigineuse des cours du pétrole depuis trois ans» qui nécessite, une «bataille du développement économique», a-t-il ajouté.
Mohand-Arezki Temmar