Site icon La Dépêche de Kabylie

La détresse des non-voyants

Les non-voyants de la wilaya de Béjaïa sont dans l’expectative. Ils seraient 1 286 à souffrir dans le silence faute d’une prise en charge efficiente.

«Si par malheur, vous perdez la vue, vous êtes fatalement perdus de vue, sans aucune possibilité de recours. Cette réalité, je l’ai apprise à mes dépends, pour l’avoir vécue au fond de ma chair», ironise d’une voie chargée d’amertume, un jeune non-voyant d’Akbou. Pire, les non-voyants doivent affronter la stigmatisation et les préjugés tenaces entourant leur handicap. «Du jour au lendemain, vous n’existez plus. Vous basculez au fond d’un trou noir, en dehors de l’espace et du temps», raconte aigri, un non-voyant d’Ighzer Amokrane, qui a perdu la vue des suites d’une dégénérescence maculaire. L’insertion professionnelle ? Un leurre, une chimère nourrissant plutôt l’illusion que la réalité ! «J’ai fait des pieds et des mains pour décrocher un poste de standardiste dans une institution publique ou privée. Hélas, toutes mes démarches se sont avérées vaines et toutes mes demandes sont restées lettres mortes», se désole un non-voyant de Bgayet. «Pourtant, clame-t-il, la loi nous donne le droit d’occuper certains postes compatibles avec notre handicap, mais quand vous êtes frappés par le mauvais sort de la cécité, on vous enfonce davantage dans l’abîme». Refusant son statut d’assisté, notre interlocuteur revendique haut et fort le droit d’être «considéré comme un citoyen à part entière et traité comme tel». «Je m’imagine mal continuer à végéter éternellement aux crochets de l’Etat. Il est impératif de reconquérir son autonomie pleine et entière, par l’entremise de l’insertion professionnelle», clame-t-il, résolu. D’aucuns parmi ces personnes aux besoins spécifiques, soulèvent le manque d’accessibilité dans les cités urbaines, lesquelles sont, selon eux, inhospitalières, voir même hostiles. «Se rendre à la poste, à la mairie ou prendre une avette de transport urbain, relève pour nous du parcours du combattant. J’ai la nette impression que les critères qui ont présidé à la conception et à la construction de nos agglomérations ont fait abstraction de nos besoins», maugrée un autre non-voyant de Tazmalt.

Nacer Maouche

Quitter la version mobile